On attendait Tarzan, dont le cri avait retenti au Musée du Quai Branly à Paris avant de se faire entendre sur les bords de la Charente. Hélas, le musée parisien, peu au fait des mœurs de collectionneurs d’originaux s’est retrouvé quasi sans planches à exposer, celles-ci étant reparties chez leurs propriétaires ou revendues à la faveur de cet accroissement de notoriété. Le Musée national de la BD a préféré décliner et remplacer son exposition temporaire par une production maison, issue de ses collections et imaginée par son conseiller scientifique Jean-Pierre Mercier. Certes, l’idée n’est pas ébouriffante. Il me souvient que Paul Herman avait traité le sujet par une exposition intitulée La Bande dessinée animalière dès 1975, avant d’être suivi sur le même thème par Thierry Groensteen en 1987 [1]. Mais il n’est pas inutile de remettre une idée au goût du jour, surtout lorsque l’on envisage une exposition familiale grand public.
On retrouvera donc les grandes figures de la bande dessinée animalière de Gédéon à Donald, de Krazy Kat à Lapinot. Néanmoins, Jean-Pierre Mercier a l’intelligence de faire remonter la filière à Jean-Jacques Grandville et aux autres illustrateurs des Fables de La Fontaine, soulignant que Walt Disney s’était, de son propre aveu, inspiré de l’illustrateur américain T.S. Sullivant et de l’illustrateur allemand Heinrich Kley.
Après Macherot, Chlorophylle, Chaminou et Sibylline, Disney, son Mickey et son Donald Duck, Benjamin Rabier et son Gédéon, Calvo avec sa Guerre Mondiale chez les animaux et ses Moustache et Trottinette, George Herriman avec sa Krazy Kat, Arnal et son Pif le chien, Walt Kelly et son Pogo, on trouve quelques modernes comme le Frank de Jim Woodring, les Jojo et Paco d’Isabelle Wilsdorf et le Lapinot du Français Lewis Trondheim qui se dessine lui-même avec un profil de rapace…
Une introduction à une bande dessinée animalière anthropomorphe, vecteur de tendresse ou de satire, qui ne ferait pas mentir cette autre sentence de Paul Léautaud : « Plus je vois les gens, plus j’aime les bêtes. »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Du 7 juillet au 7 novembre 2010
[1] Animaux en cases : une histoire critique de la bande dessinée animalière, Thierry Groensteen, Futuropolis, 1987.
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