Deux pères célibataires gèrent tant bien que mal leurs enfants uniques. L’un s’exprime sur la toile, postant des articles cinglants sur son blog, l’autre est un bon musicien qui se renferme sur son métier de facteur. Par hasard, leurs destins vont se croiser au parc, et un sérieux contentieux apparaît entre eux, avec des conséquences sur leur vie de famille. Entre les enfants en plein doute existentiel et ces papas perturbés, quelles rencontres vont-elles bien pouvoir naître ?
Un prétexte assez banal lance ce long roman graphique, publié en Angleterre en 2013 : un chien mord un promeneur, et la violence des humains prend le relais. Zarate a voulu s’inspirer de la nature éclatante d’un parc londonien (celui de Hampstead Heath) pour y chorégraphier un ballet entre médiocrité et sentiments nobles. Si les relations parents/enfants (en l’occurrence parents seniors et jeunes adultes) sont intéressantes, le feuilleton agression/réplique s’étire beaucoup trop, avec une profusion de dialogues souvent naïfs et par des bulles de pensées envahissantes. Le questionnement de l’auteur sur la violence obsédante demeure superficiel, malgré sa pertinence. Quant aux séquences de Laurel et Hardy censées favoriser les ruminations du papa mordu, là encore, elles sont trop nombreuses.
Si on peut louer les efforts d’Oscar Zarate pour traiter un thème original et dans un contexte inédit -ce fameux parc, débordant de couleurs vives-, dommage que le propos ne soit pas plus ramassé, et le texte moins étiré. Ses personnages sont suffisamment riches pour s’autoriser des scènes plus intériorisées. L’album en apparaît du coup à la fois accessible à un large public (des ados pourront l’apprécier) mais en panne de modernité.
(par David TAUGIS)
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