Le Petit théâtre des opérations T. 1 - par Monsieur le chien et Julien Hervieux - Fluide glacial

Reste-t-il encore des zones blanches dans l’histoire de la 1ère et de la 2de Guerre mondiale ? Un album supplémentaire sur cette période présente-t-il une utilité ? Le chroniqueur autant que le lecteur potentiel peuvent s’interroger tant la production en la matière s’avère foisonnante.

En effet, toute personne ayant fréquenté les bancs d’un lycée, voire d’une université, dispose, du moins en principe, d’un bagage conséquent sur le sujet. Pour le bédéphile, nombreuses sont les BD à documenter, fictionnaliser ou détourner le réel, soit pour s’approcher de la réalité historique de ces années troublées, soit pour en faire le cadre de récit d’aventures diverses.

Et pourtant, ce Petit théâtre des opérations parvient à surprendre, utilisant le vecteur humoristique pour raconter les hauts faits d’inconnus sortis des profondeurs de l’Histoire.

Par exemple, connaissez-vous l’histoire de ces marins bretons débarqués de leurs bateaux pour aller sur le front belge (à Dixmude, pour être tout à fait précis), prêter main forte à nos alliés contre l’armée allemande ? Pour tout savoir (ou presque) sur les circonstances qui aboutirent à la création du régiment officiel des fusiliers marins, plongez dans cet album !

Pour faire connaissance avec Mad Jack Churchill, qui jouait de la cornemuse et se battait avec un arc long et une épée en 1940, ouvrez le pédagogique ouvrage de Monsieur le chien et de Julien Hervieux en page 10 (et suivantes) ! Le soldat à l’arc fut fait prisonnier en 1944 ; alla se battre en Palestine en 1948 ; devint ensuite champion de surf et finit tranquillement sa vie en 1996.

Pour retrouver un peu de fierté nationale, apprenez que lors de la bataille de Menton, une poignée de soldats répartis dans 9 casemates sur le pont Saint-Louis stoppa net les velléités italiennes. L’armée des Alpes resta invaincue jusqu’au 25 juin 1940, date de l’armistice.

Savez-vous qu’Anna Iegorova se porta volontaire pour piloter un avion de combat ? Sans doute, ignorait-elle que l’aviation est un milieu d’hommes. (À part pour les hôtesses de l’air, mais ceci est une autre histoire). Quoi qu’il en soit, la camarade Iegorova multiplia les exploits et devint chef d’escadrille. Bon, les choses se gâtèrent après l’explosion de son avion le 20 août 1944 puis lorsque, l’année suivante, l’armée soviétique vint libérer le camp de prisonniers dans lequel elle était détenue.

Loin d’une vision simpliste, le lecteur découvrira l’histoire de René Fonck, héros devenu encombrant par sa fidélité au maréchal Pétain et tombé dans l’oubli pour cette raison. Pourtant, si le fameux Baron rouge compte 80 victoires homologuées, René Fonck, lui, est crédité de 75 victoires homologuées et 126 en comptant les non-homologuées.

Sur un ton décalé mais toujours remarquablement documenté, les auteurs nous offrent 8 tranches d’histoires oubliées ou inconnues sous forme de chapitres indépendants les uns des autres. Au goût du détail (historique), s’ajoutent un sens de la concision scénaristique et un dessin parfois caricatural mais toujours efficace qui donnent, finalement, une lecture plaisante.