"Le Pilier du ciel", au cœur des secrets de l’ancestral Royaume de Qin

Royaume de Qin, dans les bas-fonds de la capitale Xianyang : Lao Ai gagne sa vie comme bête de foire en exhibant son membre gigantesque dans un cabaret, provoquant l’admiration des hommes et déchaînant la passion auprès du public féminin. En effet, son quotidien est précaire mais riche en expériences sexuelles : les femmes de la ville font... la queue pour profiter des dons de Lao Ai !

Tout chane lorsque le régent du royaume, Lu Buwei, le convoque au palais et lui confie la mission de contenter l’appétit sexuel débordant de la reine mère, bisexuelle délurée et nymphomane. Lao Ai débute alors une nouvelle vie comme "gigolo" du palais. Mais les intrigants et les gardes du prince, qui veille farouchement sur l’honneur de sa mère, ne sont jamais loin, et ce qui ressemblait à une promotion sociale inespérée tourne vite à la chasse à l’homme...

Le but des anthologies est souvent de donner à découvrir de nouveaux auteurs, leurs graphismes et leurs albums. C’est ainsi que la seconde version de L’Anthologie de la fellation en bande dessinée avait inclus six nouveaux extraits, dont celui de ce Pilier du ciel qui nous avait échappé. Nous avons aussitôt contacté l’éditeur, histoire de rattraper notre retard !

Si Les Piliers de la terre présentent l’époque médiévale anglaise, Le Pilier du ciel nous permet de mieux comprendre les intrigues de palais du royaume de Qin, au IIIe siècle avant notre ère. Une période qui marque la fin des Royaumes combattants, et l’établissement de l’Empire de Chine, fondé par l’extension de Qin. Surtout que ce fameux régent, Lu Buwei, aurait été le père du premier empereur de Chine. Le Pilier du ciel donne donc l’occasion d’explorer les arcanes du pouvoir, dans lesquelles, derrière les paravents, le sexe était étroitement lié à la politique. Même si on imagine bien que ce récit est avant tout imaginaire, on doit avouer s’être autant passionné pour l’évocation historique que son aspect érotique.

En effet, les scènes sexuelles ne sont pas vraiment immémorables. Mais l’on doit avouer que l’on s’attache à ce jeune héros priapique. Bien plus futé que la moyenne, il cherche à sortir de ce rôle d’homme-objet dans lequel le pouvoir en place désire le cantonner, qu’il s’agisse du régent ou de la reine mère.

De son auteur, Mô, on ne sait presque rien, excepté qu’il travaille dans la presse satirique et la bande dessinée historique. Ce passionné de sinologie réussit son évocation grâce à un dessin très lisible, et qui aurait gagné avec un peu plus de lumière dans les scènes nocturnes. L’atour du conte permet de conférer à cet album le charme d’une légende orientale.

Ne vous attendez tout de même pas un traité en politique chinoise antique, il faut pouvoir lire entre les lignes . Dans le même registre de l’évocation historique et érotique du pouvoir au sein des civilisations orientales, nous reviendrons prochainement Tokyo Confidential. À suivre...