Le Pilote à l’Edelweiss, T2 - Par Yann et Hugault - Edition Paquet

On y retrouve bien évidemment Alphonse et Henri Castillac, deux as plongés au cœur des duels aériens, aux prises avec la ferveur des combats de la Première Guerre mondiale et d’autres conflits plus intimes.

Les deux jumeaux, à la fois complices et rivaux en amour, semblent liés par un pacte secret, un serment bien au delà au-delà des principes et de l’honneur chevaleresque des pilotes. Alors que le Prussien Elrik, le pilote à l’Edelweiss vient le défier en survolant l’Aérodrome des cigognes, Henri le casse-cou, le noceur célibataire et extraverti semble redouter le défi. Il ira jusqu’à proposer à son frère Alphonse de le remplacer...

Un second tome dans lequel Romain Hugault démontre sa capacité à faire passer de l’émotion.

Pour cette étrange mission. Alphonse timide et introverti, ancien pilote, chassé des cigognes suite à une sombre affaire, doit honorer une dette de jeunesse envers son frère. Au-delà de l’épopée aéronautique, l’étrange secret qui associe les deux frères pour le meilleur (et pour le pire ?) passe par les femmes, chacune prêtant son nom à chaque volume. Des conquêtes féminines dont l’enjeu dépasse peut-être celui des combats aériens est sans doute à l’origine des mystérieuses relations entre les deux jumeaux.

Dans ce second tome, les auteurs prennent le soin de distiller avec parcimonie les pièces d’un puzzle narratif captivant, bien mené et techniquement irréprochable. La qualité du graphisme fait écho à une narration tendue au suspense terriblement efficace.

Au fur et à mesure que le récit avance, Yann nous fait pénétrer toujours plus profondément dans la complexité psychologique des deux principaux protagonistes. Inspiré de personnages réels (les frères Navarre), le destin des jumeaux sert de colonne vertébrale à une intrigue autant tissée de poésie, que d’action et de drame. Avec la seconde partie de cette histoire prévue en trois tomes le scénariste prend soin de livrer quelques pistes sans trop en dévoiler les détails. Il faut dire que l’homme n’en est pas à son coup d’essai. Aussi à l’aise dans le registre de l’humour que de l’aventure, cet ancien scénariste de Franquin (Le Marsupilami) et de Morris (Lucky Luke) que de Juillard (Mezek) revient un peu moins d’un an après Valentine (première partie) avec un second tome toujours aussi captivant. Après le succès du Grand Duc, cette nouvelle collaboration avec le dessinateur Romain Hugault confirme le dynamisme du duo.

Dessinateur reconnu comme un spécialiste de la BD aéronautique, Romain Hugault s’est révélé au grand public avec des albums qui, du Dernier envol, Au-delà des nuages ou Le Pilote à l’Edelweiss, ont connu autant de succès critique que public. Des réussites qui ne sont pas pour rien dans la consolidation de l’éditeur Pierre Paquet.

On reste toujours médusé par la dextérité et la précision du trait d’un dessinateur toujours aussi à l’aise dans la représentation des scènes aériennes. La qualité des ambiances colorées confère à cette histoire une crédibilité et une charge émotionnelle particulièrement fortes. Jouant avec habileté des lumières en particulier, le dessinateur restitue avec fidélité aussi bien l’univers des poilus que l’architecture parisienne de la Belle époque ou l’intérieur d’une usine.

Romain Hugault. Le succès de ses livres auprès des professionnels de l’aviation lui permet d’être encore plus rigoureux.

(c) Paquet

Capable de jouer autant sur des ambiances de poésie macabre ou que de flirter avec une forme d’abstraction esthétique, Hugault révèle toute l’étendue d’un talent qui ne se réduit pas seulement à sa capacité à représenter de superbes machines volantes ! Une réussite dont on attend le dénouement avec impatience.