BD d’Asie

Le Protectorat de l’ombrelle T1 : Sans Âme - Par Gail Carriger et REM (trad. Anaïs Koechlin) - Pika Graphics

Par Aurélien Pigeat le 14 avril 2014                      Lien  
Aristocrates, vampires, loup-garous, le tout plongé dans un Londres de l'époque victorienne légèrement teinté de {steampunk}, tel semble être le cahier des charges de ce {Protectorat de l'ombrelle}. Une romance gothique qui fonctionne efficacement.

Alexia Tarabotti, 26 ans, toujours célibataire au désespoir de sa mère qui craint de la voir finir vieille fille, membre de la haute société londonienne, alterne bals et promenades tout en défendant jalousement son indépendance et en témoignant d’un caractère bien trempé. Sans compter que la jeune femme n’a pas d’âme, au sens propre, ce qui fait d’elle une "paranaturelle", un pont entre les "naturels", autrement dit les humains, et les "surnaturels", vampires et loup-garous.

Sur cette base se déploie une intrigue criminelle prétexte à poser personnages et univers, à déployer la romance entre l’héroïne et l’enquêteur principal, un lord accessoirement loup-garou, tous deux n’ayant de cesse de se tourner autour le temps que le mystère se résolve.

Le Protectorat de l’ombrelle, outre ses qualités intrinsèques, nous apparaît comme un phénomène intéressant à deux titres.

C’est d’abord l’adaptation d’un succès récent de la bit-lit américaine, par l’auteure même des romans d’origine, Gail Carriger. Laquelle lorgne objectivement du côté de la saga Twilight, les aventures d’Alixia Tarabotti s’en distinguant cependant par une relation plus mature et directe entre ses héros -les dernières pages de ce premier volume glissent doucement de la romance vers l’érotisme- et une forme d’humour, voire d’auto-dérision, que retranscrivent plusieurs scènes du manga.

Le Protectorat de l'ombrelle T1 : Sans Âme - Par Gail Carriger et REM (trad. Anaïs Koechlin) - Pika Graphics
Alexia, l’atout charme de Sans Âme. Multipliant tenues et coiffures durant le volume. Une bonne dizaine au total
© Carriger / REM / Yen Press / Pika Graphics

C’est ensuite, conséquence de ce qui précède, un exemple de ce que certains nomment le "global manga". [1] Dans le cas qui nous occupe, scénariste et dessinatrice sont américaines. REM est le pseudonyme de Priscilla Hamby, spécialisée dans le style manga, ayant déjà effectué en 2007 un travail d’adaptation d’une autre série de romans peuplés de vampires, Vampire Kisses, chez Tokyopop, éditeur qui avait popularisé l’expression "global manga" dès 2006. Soleil Manga a édité en France cette adaptation en 2009.

Toutefois, questionné à ce propos, Pika Graphics récuse l’appellation "global manga" pour Le Protectorat de l’ombrelle, Yen Press, l’éditeur américain d’origine étiquetant la série comme un graphic novel et Pika prenant soin de placer le titre dans le label, "Blackmoon Graphics", collection de romans graphiques selon l’éditeur.

Pour notre part, nous en restons à l’observation du volume et maintenons la désignation, faute de mieux, dans la mesure où elle nous semble pertinente, et encore intelligible au milieu de la multitude d’équivalents qui ont été proposés, pour situer le titre dans la production mondiale actuelle de la bande dessinée. C’est en raison de cette ambivalence que ce titre se retrouve, faute de mieux, dans cette rubrique.

D’ailleurs, pour être complet, chez les mêmes éditeurs, américain et français, l’adaptation de Twilight avait été réalisée selon des codes graphiques similaires, manga-like au sens large donc, par Young Kim, dessinatrice coréenne. Cette série avait été également présentée comme un roman graphique, et fait partie de la même collection que Le Protectorat de l’ombrelle chez Pika.

Si l’on peut s’interroger sur la volonté de se démarquer du manga par ce biais, et de s’approprier la valeur de distinction que véhicule l’appellation graphic novel, nous nous arrêtons plus volontiers sur le choix, pour adapter des œuvres qui plaisent à un lectorat jeune et féminin, d’un ensemble de codes graphiques qui, du moins chez nous, remportent en fort succès auprès des adolescentes. En témoigne par exemple la vivante et atypique collection "Gothic" chez Soleil Manga.

Écrit par une romancière américaine, publié aux États-Unis par Yen Press et traduit en français de l’anglais, ce tome 1, "Sans Âme", a pourtant tout d’un manga. Sa dessinatrice REM en adopte en effet nombre de codes - notamment la grammaire visuelle des visages, depuis leur dessin jusqu’aux marques signifiant les émotions qui s’y manifestent - sauf le sens de lecture, ici occidental.

Au final, malgré une impression de déjà vu, on se laisse agréablement prendre à la fois par l’action développée, dynamique et entraînante, par ces personnages, positifs et sympathiques, et par un univers accrocheur que l’on a bien envie de continuer à explorer une fois la lecture achevée. En espérant des enjeux plus denses et dramatiques que ceux, un peu de façade, de ce premier titre.

Pages couleurs en ouverture du volume
© Carriger / REM / Yen Press / Pika Graphics

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

- Le Protectorat de l’ombrelle T1 : Sans Âme. Par Gail Carriger et Rem. Traduction (de l’américain) Anaïs Koechlin. Pika Graphics, collection Blackmoon Graphics. Sortie le 12 mars 2014. 224 page. 12,90 euros.

- Commander ce livre chez Amazon ou à la FNAC

[1On entend ici par cette expression la bande dessinée occidentale évoquant spontanément, par le dessin notamment, le manga.

 
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Aurélien Pigeat  
A LIRE AUSSI  
BD d’Asie  
Derniers commentaires  
Agenda BD  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD