Comment s’étonner qu’une fois adulte, il soit devenu chasseur de primes après une telle expérience ? Devenu une véritable légende, Angus, nommé désormais le Révérend car dissimulé sous une tenue d’homme d’église, a acquis une réputation de tueur implacable. Pourquoi revient-il maintenant sur les lieux du drame survenu quinze plus tôt ? Simple histoire de vengeance ou conclusion tragique d’une longue traque pour retrouver les auteurs de l’attaque ? D’étranges coïncidences et de sanglants événements viennent troubler la paisible petite ville d’Eureka brouillant encore un peu plus les pistes de cette épopée parfaitement fidèle aux traditions du genre.
Un curé catholique, un convoi de filles de joie embauchées pour l’anniversaire de Cartus Nance, le plus riche propriétaire terrien et mécène de la région, Terrence le barbier qu’on retrouve décédé au fond de sa boutique, un shérif méfiant et particulièrement soupçonneux… : autant de personnages secondaires qui croisent la route du Révérend et fournissent une belle épaisseur à l’intrigue. Un élément parmi d’autres qui donnent à ce récit un accent de crédibilité et contribue à en rendre la lecture haletante et passionnante.
Prévu pour être publié sous forme de diptyque, Le Révérend se présente comme un western plutôt classique aussi bien dans la forme que dans le fond sans pour autant provoquer l’ennui, bien au contraire. Si le retour du « héros-vengeur »appartient aux grands classiques du genre, le scénario de Lylian ménage suffisamment de fausses pistes et de rebondissements pour maintenir l’intérêt du récit. Auteur de L’Éveil du Kurran ( Humanoïdes Associés), plus familier de l’univers du manga ou de l’Heroïc Fantasy , (La Quête d’Ewian à paraître à la rentrée chez Glénat) Lylian signe avec ce premier western un récit maitrisé et bien construit.
Haletant et pourvu de dialogues efficaces l’ensemble fonctionne grâce au dessin réaliste et élégant d’ Augustin Lebon. Cet ancien élève de l’école Saint-Luc à Bruxelles signe ici son premier album.
Hugo Poupelin apporte une touche supplémentaire à cette réussite avec sa belle maitrise des couleurs notamment par le traitement des tons bruns et ocres en écho avec les ambiances du récit.
Emmanuel Proust semble avoir déniché deux auteurs prometteurs. Une découverte à savourer en attendant la suite à paraître après la rentrée.
(par Patrice Gentilhomme)
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