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Le Scorpion T. 13 : l’exceptionnelle reprise de Luigi Critone

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 novembre 2020                      Lien  
Une fois encore, Armando Catalano, alias Le Scorpion, arpente les coulisses du pouvoir menant en un seul album, « Tamose l’Égyptien », le lecteur de Cracovie à Constantinople puis à Alexandrie en Égypte. Qu’y cherche-t-il ? Le secret de la Sabbatéenne ou Méjaï et l’enfant qu’il a eu d’elle ? Le nouveau cycle du Scorpion s’avère passionnant, mais sa réussite tient surtout au trait sublime de Luigi Critone qui succède à Enrico Marini sur cette saga, avec un brio incomparable.

On fait d’abord la rencontre à Kraków (Cracovie) en Pologne d’un cosaque juif albinos du nom de Ivrahim Golam, mandaté par le prince Potemkine, sur la trace d’un « faux-Messie », comme il y en eut plusieurs dans les milieux piétistes juifs tout au long de l’Histoire. Mais ici l’enjeu semble tellement important qu’il faut absolument détruire toute mention de son existence et pour cela, l’inquiétant personnage va se rendre jusqu’à Constantinople.

Là, il croise à Istanbul (qui n’est alors qu’un quartier de la Sublime Porte) Le Scorpion qui a fini par fuir le nid de vipères de Rome pour retrouver en Orient la Gitane Méjaï qui lui a caché l’enfant qu’elle attendait de lui. Mais celle-ci lui échappe grâce à sa science des poisons et voici que Le Scorpion se réveille avec une accusation de crime sur les bras.

Le Scorpion T. 13 : l'exceptionnelle reprise de Luigi Critone
Le Scorpion T. 13 : Tamose l’Egyptien – Par Stephen Desberg et Luigi Critone
© Dargaud

Il est sauvé in extremis de la rigueur de la justice du sultan par un mystérieux eunuque qui travaille pour une magicienne nommée la Sabbatéenne et qui lui propose de retrouver la trace de Mejaï en échange de la traduction d’un nom sur une tablette couverte d’hiéroglyphes. Que recherche-t-elle ? Un trésor ou un secret terrible qui va bouleverser le monde ? Le Scorpion n’en sait rien, mais le marché lui convient. Elle l’envoie en mission à Alexandrie sur les traces de « Tamose l’Égyptien ». Là, il retrouve à la fois le cosaque juif et l’eunuque de la Sabbatéenne. Ils cherchent donc bien la même chose… Son périple le mène bientôt dans la Vallée des Rois.

Le Scorpion T. 13 : Tamose l’Egyptien – Par Stephen Desberg et Luigi Critone
© Dargaud

Les mille et une couleurs de cette histoire fantastique sont sublimées pas le travail graphique de Luigi Critone. Né en 1971 à Sant’Arcangelo, Critone est loin d’être un inconnu : on lui doit La Rose et la croix (Sc. de Nicolas Jarry & France Richemont, 2 vol., Ed. Soleil, 2005 et 2006) ; un album de la série Sept, Sept missionnaires, sur un scénario d’Alain Ayroles (Ed. Delcourt, 2007), le remarquable Je, François Villon d’après Jean Teulé (3 vol. 2011-2017, Ed. Delcourt) pour lequel il reçut le prix Cases d’Histoire, ou encore le récent Aldobrando, sur un scénario de Gipi (2020, Casterman).

Son travail est dans cette tradition du dessin réaliste italien qui le place entre le classicisme sensible d’un Milo Manara et la luminosité moderne d’un Gipi. Sa prise en mains de l’univers créé par Enrico Marini est exemplaire. Pour une fois, la lenteur dans l’avancement de l’intrigue qui est parfois l’un des défauts des scénaristes, est ici une vertu : on peut s’attarder sur les vibrations lumineuses de ses couleurs, sur la justesse de ses regards et de ses attitudes, sur la beauté de ses personnages et de ses paysages...

Le Scorpion T. 13 : Tamose l’Egyptien – Par Stephen Desberg et Luigi Critone
© Dargaud

Certes, Le Scorpion y perd un peu de sa « virilité » première inspirée chez Marini par les comics américains. Mais quel bonheur de retrouver dans cette série aux scénarios plus sophistiqués qu’il n’y paraît une subtilité qui manque très souvent à la bande dessinée franco-belge.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN : 9782505083313

Le Scorpion T. 13 : Tamose l’Egyptien – Pars Stephen Desberg et Luigi Critone – Dargaud – 12€

Concernant cette reprise graphique, lire également l’interview d’Enrico Marini : « J’ai longtemps bloqué sur cet album du Scorpion, car je savais que ce serait mon dernier »

 
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7 Messages :
  • Cette série, c’était le mouvement, et là, tout est figé. A voir.

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    • Répondu par RDevelder le 4 novembre 2020 à  22:20 :

      C’est votre ressenti, c’est très subjectif.

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    • Répondu par vincent le 5 novembre 2020 à  01:16 :

      Tout à fait d’accord avec vous. Du peu que l’on voit, le dynamisme qui faisait le charme de cette série a totalement disparu. Critone est un excellent dessinateur mais son dessin n’a pas la fantaisie et le lunch qui servira la série.

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      • Répondu par kyle william le 5 novembre 2020 à  09:29 :

        Le « lunch » ? Le déjeuner ?

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      • Répondu le 5 novembre 2020 à  10:38 :

        Bien sûr, c’est très subjectif et je me trompe peut-être, c’est pour ça que j’écris " A voir". Critone est un très bon dessinateur, qui a un découpage plutôt dynamique. Ces deux pages ne me semblent pas refléter son talent et elles me semblent assez loin de la force des pages de Marini,mais j’attends donc de voir l’ensemble des pages.

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  • Belle "typo" dans le 2ème extrait (p.9) de l’album :

    "Méïja calcule les minutes, évalue les avec précision les déplacements"

    Étonnant une telle erreur au stade final de production.

    Ceci dit, je ne suis pas fan de Scorpion au point de l’acheter. Scorpion, ça se lit en 20 minutes et on ne le lit pas deux fois. C’est prenant, mais uniquement par le suspens (aux rebondissements sans fin, comme dans XIII, ça finit par être lassant) alors une fois que le suspens est tombé, on range la BD et on oublie. Une BD à lire à la bibliothèque ou chez les copains.

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    • Répondu par Tristan le 14 novembre 2020 à  23:47 :

      L’erreur de typo à été corrigée dans la version imprimée.

      Je suis fan des aventures du Scorpion. La reprise est très bien faite et le trait de dessin est proche de Marini. Cependant la dynamique change, comme indiqué dans l’article. Il y a un ralentissement qui donne une impression que notre héro prend de l’âge... C’est assez intéressant de voir à quel point le dessin façonne notre impression et donne du relief à l’histoire. Du coup, il y a clairement une rupture.

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