Pour en savoir plus sur cette auteure prodige dont le nom de plume se traduit par « riz précoce », je ne saurais assez vous suggérer de lire ou de relire l’entretien qu’elle avait accordé au chroniqueur d’ActuaBD, Yohan Radomski, au mois de septembre dernier, et d’aller faire un tour sur sa page Facebook où fourmillent dessins inédits, work in progress, vidéos.
Yaya le montagnard vs Rakshasa, la mangeuse d’hommes
Dans ce conte initiatique chinois, Yaya va quitter son village montagnard pour débarrasser sa contrée d’une terrible créature démoniaque : Rakshasa, la mangeuse d’hommes (littéralement !), femme cannibale qui se repaît du cadavre de ses victimes mâles. Blessé dans un premier combat, il est soigné par Qingqing, la fille du maître apothicaire. La fée gardienne des monts Juiling, l’initie aux mystères de la nature et lui apprend à lire le vent, chose fort utile pour combattre. Secondé de Dugu, expert en arts martiaux, il affrontera les sbires, les démons et les fantômes à tête de loup au service de Rakshasa, avant un combat final contre le Mal.
Syncrétisme émotionnel et graphique
Cet album fut initialement publié en Chine par un éditeur indépendant en juillet 2015, tiré à 4 000 exemplaires et diffusé sur Internet. En une demi-journée : tout était parti ! En octobre dernier, il en était à son quatrième tirage ! La version initiale était muette parce qu’« […] il ne semblait pas nécessaire de mettre du texte. Ainsi l’imagination du lecteur [pouvait] se déployer. »
Dans sa version française, l’album a été très intelligemment adapté au public par l’équipe de Mosquito, tout en respectant l’esprit de Zao Dao qui y a apporté son précieux concours. Ainsi, l’album est découpé en cinq chapitres dont chacun porte le nom d’un des cinq éléments traditionnels chinois : l’eau, le bois, le feu, la terre et le métal. Les textes rajoutés par l’auteure sont réduits au strict nécessaire et exclusivement narratifs : point de dialogues donc. Ici, l’image raconte tout et l’œil interprète. C’est agréablement étonnant et la lecture de cette nouvelle expérience graphique — syncrétisme émotionnel de la BD européenne, du manga japonais et de l’estampe chinoise — s’achève comme elle a débuté : on est émerveillé !
Mosquito, annonce également une nouvelle parution de Zao Dao en août 2016 : Carnets de croquis.
(par Charles HAM)
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