Imaginez un saloon sur une scène de théâtre dont le décor aurait été peint par Léon Spilliaert (influence revendiquée par l’auteur), tel est le Blue Hotel (influence de Chris Isaak non revendiquée, Blue Hotel est le nom du roman de Stephen Crane dont est inspirée cette bande dessinée) où va se dérouler ce western tendu, où l’on s’attend à la fusillade à chaque page. Mais on n’est pas chez Peckinpah, ici, la violence est suggérée, latente, elle vous attend autour d’une table de poker. En croisant les regards carnassiers des autres joueurs, Svante Jønasson, le Suédois qui donne son nom à ce récit, comprend qu’il ne sortira pas vivant de cet hôtel…
Entrée par la gauche, sortie par la droite, Le Suédois emprunte aux codes du théâtre. Les grandes carcasses raides et poisseuses des protagonistes ont tout de fantômes hantant ce Nebraska impitoyable. On avait déjà été soufflé par l’âpreté de Guerres Civiles, précédent opus co-écrit par Morvan et Ricard, Christophe Gaultier va plus loin dans l’horreur avec cette bande dessinée digne d’un épisode de la série Deadwood. Du bleu glacial au rouge sang, Le Suédois élargit encore la palette de ce dessinateur qui connaît décidément les couleurs de l’angoisse.
(par Morgan Di Salvia)
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