Une leçon de morale nous est proprement administrée avec ce dixième opus du tueur. Au travers de l’actualité autour du globe, qu’il en soit de la crise financière, du FMI, de l’OPEP, du cartel de la drogue et du pétrole, d’accords diplomatiques de hauts chefs d’états, de transactions litigeuses de gros bonnets ou de simple satire du système de consommation de la classe moyenne, tout le monde en prend pour son grade et pour sa nonchalance.
Tout le monde, à l’exception du tueur qui, lui, reste imperturbable et qui vous offre en guise de récompense du plomb dans les tripes. Pourtant, notre cher comparse s’adapte, pénètre en territoire inconnu et se modernise à l’instar de la société actuelle qui croule, anéantie par les propres démons qu’elle a engendrés.
Accompagné de ses acolytes Mariano et Haywood, ils bossent désormais pour leur propre société dans l’optique d’exploiter le pétrole sous-marin à Cuba, aunez et à la barbe des Américains qui ne raffolent guère de ce schéma tactique aux répercussions dommageables en matière de profit et rentabilité.
Notre héros, fondu dans la masse, est un homme de terrain, un pur nomade des temps modernes : Cuba, Miami, Londres et retour à la case départ : Paris, là où tout a démarré, et où le sort s’acharne contre lui. Décidément, la "ville lumière" est à éviter car notre tueur entrevoit sa réalité et son futur bien loin de ses racines originales.
Matz et Jacamon nous mettent l’eau à la bouche avec cet album au style travaillé et très soigné. Ils placent leurs personnages sur tous les échiquiers offrant au lecteur une perspective très large.
Le dessin s’agrémente d’un trait précis et d’un découpage « tendance » aux couleurs claires et vives, un régal pour les yeux et pour les oreilles, car le monologue omniprésent du tueur constitue une bande-son prenante.
Le tome précédent nous faisait mariner avant de faire revenir l’intrigue sous les feux des projecteurs car il y a une évolution énorme entre le dernier volume et celui-ci, le premier plat de couverture en apporte la bonne preuve : L’angle est centré vers la ligne de fuite, le tueur, resté dans l’ombre, se concentre avec détermination et lucidité vers ses objectifs, il est talentueux, pragmatique, moralisateur, fringant, plus philosophe que jamais et doté d’une confiance en lui à toute épreuve.
Fin du second cycle, cet album marque aussi la fin d’une partie et le début d’une nouvelle stratégie. Même s’il ne fait pas l’unanimité au sein d’ActuaBD.com, Le Tueur fait partie de ces grandes séries riches en aventure, dont l’évolution ne cesse de nous surprendre et que l’on lit avec plaisir.
(par Charles-Louis Detournay)
(par Marc Vandermeer)
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