Paris, fin juin 1944, Jeanne se cache toujours dans la péniche d’Huguette et de René. Malheureusement, celle-ci est réquisitionnée par les Allemands. Un soldat de la Wehrmacht est assigné à sa garde, et veille à ce que les produits qu’elle transporte arrivent à bonne destination. Jeanne décide de ne pas se cacher et de se comporter de manière fort naturelle sur le bateau. Entre deux escales, elle rejoint Paris pour tenter d’avoir des nouvelles de Cécile, sa sœur... Va-t-elle la retrouver ?
Gibrat profite donc de ce récit pour établir un lien avec son précédent diptyque. Jeanne est la sœur de l’héroïne du Sursis, ce qui suscite la sympathie des lecteurs. Nombreux sont ceux qui eurent un petit faible pour Cécile en lisant Le Sursis. Avec cette deuxième partie du Vol du corbeau, l’auteur nous ballade au gré de la houle qui fait vibrer la péniche, se laissant le temps de raconter le quotidien de ses personnages.
Les événements qui suivront en seront d’autant plus intenses et dramatiques. Gibrat n’arrive cependant pas à nous émerveiller comme il le faisait avec Le Sursis. La raison est sans doute fort simple : l’histoire d’amour que vivait Cécile et Julien (dans Le Sursis) est fort différente de celle de Jeanne et François (dans Le Vol du corbeau).
Rien à redire par contre quant à la qualité graphique de cet album. Jean-Pierre Gibrat a un sens inné de la mise en couleur et du réalisme. Il semble n’avoir de cesse de vouloir trouver l’attitude et l’émotion la plus juste pour chacun de ses personnages, et ce dans chacune des cases. Par exemple, les échanges de regard entre Jeanne, retenue prisonnière dans une pièce, et le soldat allemand, sont très intenses et renforcent le climat oppressant de la scène
Le Vol du Corbeau est un récit qui réjouira les amateurs du travail de Jean-Pierre Gibrat, mais décevra sans doute un peu ceux qui s’attendaient à une intrigue aussi forte que dans Le Sursis. Mais malgré cela, ce récit est d’une excellente facture.
(par Nicolas Anspach)
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