Patrick est loin d’être un héros charismatique qui fait rêver. Colérique et caustique envers tous, il vient juste d’arriver à la cinquantaine seul, vivant dans le même appartement que sa mère, avec qui il entretient une relation pour le moins “toxique”, alors qu’elle le considère toujours un adolescent capricieux…
Cette vie morne est bouleversée quand la Joconde invite Patrick dans la Toscane de la Renaissance. Arpentant les paysages de l’enfance du Vinci avec sa mystérieuse guide, notre héros se déssile et prend conscience que sa vie peut encore changer, s’il décide de la vivre autrement et de prendre son courage à deux mains.
Coincé à l’intérieur du tableau dans son voyage onirique, Patrick fait d’étranges rencontres : Ginerva, qui se présente comme la sœur de Mona-Lisa et semble le comprendre, un jeune enfant qui lui ressemble, et un certain Léonard, peintre et inventeur génial, qui lui révèle la formule pour briser sa solitude : « Nul ne peut trouver l’amour sans avoir au préalable pris soin de s’aimer soi-même. »
Riches de ses belles aquarelles, les planches de l’album nous gratifient d’un véritable plaisir visuel, doublé d’une exploration documentée de l’architecture et des vêtements de l’époque. On ne peut que saluer la virtuosité de Joël Alessandra, dessinateur de mille batailles (Taï Dam, On la trouvait plutôt jolie, etc.).
Cependant, le scénario et le rythme narratif ne sont pas toujours à la hauteur du défi. Notamment en ce qui concerne le développement des personnages qui reste superficiel, les empêchant d’offrir le potentiel qu’ils referment, sans pour autant gâcher l’expérience d’un album somptueusement illustré par de nombreuses reproductions des fameuses esquisses de Léonardo !
(par Jorge Sanchez)
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Le voyageur - Par Théa Rojzman et Joël Alessandra. Éditions Daniel Maghen. 150 pages - 26€.