Yaoï est l’acronyme des mots japonais « YamA nashi, Ochi nashi, Imi nashi » qui signifient littéralement « Pas de climax [dans la narration], pas de chute [dans le récit], pas de sens [à l’histoire] » selon la définition qu’en donne 10.000 Images. Il est né dans ces fanzines parodiques de héros connus qui, pour se moquer de séries où l’amitié virile est exacerbée, comme Olive et Tom ou encore Les Chevaliers du Zodiaque, imaginaient des histoires où les protagonistes couchaient ensemble.
Plus généralement, on trouve ses sources dans des œuvres comme Princesse Saphir d’Osamu Tezuka (1953, chez Soleil Manga en France) dont l’héroïne doit se déguiser en garçon pour préserver le royaume et se trouve confrontée à des relations ambiguës aussi bien avec les filles qu’avec les garçons, tandis qu’elle vit dans l’inquiétude d’être découverte. Il paraît que c’est le remarquable spectacle du théâtre de Takarazuka, une ville où le « Dieu des Mangas » passa son enfance (et où se situe le Musée Tezuka aujourd’hui), une scène où tous les rôles d’hommes sont tenus par des femmes, qui lui donna l’idée de ce script.
Selon l’étude de 10.000 Images, c’est Thomas no shinzô (1975) de Moto Hagio qui est le fondateur du genre mais l’adhésion populaire vient probablement avec Banana Fish de Akimi Yoshida (1986, publié en France chez Panini) dont le héros principal est Ash Lynx, le protégé du caïd de la mafia corse, Dino Golzine dont il est devenu le giton. Une fois adulte, il découvre que son mentor est responsable de la maladie de son frère et cette révélation va le pousser à se rebeller contre lui avec l’aide d’Eiji un jeune japonais venu enquêter à New-York sur les gangs d’enfants mineurs dont Ash est le leader. Un maître-thriller qui va installer le genre dans le monde du manga.
Selon l’auteur de romans Boy’s Love Émilie Lepers rencontrée à Japan Expo, « Les jeunes filles se sentent moins agressées par l’image masculine de ce genre d’ouvrage et ne ressentent pas le jeune homme efféminé qu’elles y trouvent comme un rival. ». Le genre n’est pas l’équivalent de l’intérêt masculin pour l’amour saphique et n’est pas non plus une littérature gay dans la mesure où les histoires ne sont pas suffisamment réalistes pour ce public qui a d’ailleurs sa littérature en propre, comme nous le rappelle François Peneaud sur ActuaBD.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Pour public averti.
Une référence sur le « Yaoï »
Homosexualité et manga : le yaoi – Numéro spécial de 10.000 images – Hervé Brient (Dir.) Éditions H, 12 euros. Acheter l’ouvrage en ligne
Quelques Yaoï :
Le jeu du chat et de la souris de Setona Mizushiro – Éditions Asuka. Acheter l’ouvrage en ligne
Gravitation de Maki Murakami - Taifu Comics
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New York, New York. de Marimo Ragawa Panini Comics
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