Il aura fallu près de deux ans, pour qu’ait lieu cette première édition d’un festival bilingue. Une initiative lancée par Ueli Deuble, libraire spécialisé en bande dessinée à Morat et Ruth Tellenbach, employée du Parkhotel-Schloss à Münchenwiler (Villars-les Moines en français) . Avec l’aide de Martin Schnetzer, président de la manifestation, arrivé dans l’aventure il y a six mois, ces passionnés du 9ème art se sont battus pour en faire un évènement exceptionnel.
Exceptionnel par son casting d’abord : Enrico Marini, Philipe Delaby, Jean Dufaux, Zep, Derib, Cosey, Rosinski, Yves Sente… se sont déplacés pour l’occasion, accompagnés d’auteurs germanophones : Walti Hollenstein ou le cartoonist Ralph Ruthe. Il est rare de voir tant de célébrités de la bande dessinée franco-belge se réunir à l’occasion d’une première édition d’un festival. Martin Schnetzer en est conscient : « C’est grâce à la confiance de Derib, puis de Zep, ainsi qu’au soutien de la maison d’édition Dargaud que les choses ont réellement pu se mettre en place. »
Exceptionnel aussi par son emplacement. Retiré de la grande ville, le château de Villars-les-moines donnait un ton presque romanesque au festival. Un cadre idyllique qui, selon son président, fut l’un des éléments essentiels à la création de la manifestation.
Exceptionnel enfin par sa volonté de promouvoir le bilinguisme et par là, l’échange entre cultures. Cette particularité, très forte en Suisse avec ses trois langues nationales, a tendance à devenir la norme dans une société en pleine globalisation : « Excepté les auteurs allemands, peu connus du monde francophone, nous avons choisi d’inviter des dessinateurs et scénaristes qui existent et sont connus dans les deux langues » explique son président.
Au cœur de cette envie de promouvoir le bilinguisme, Derib et son album No Limits. Martin Schnetzer raconte : « Malgré son succès dans les écoles en Suisse romande, il n’était pas traduit en allemand. On a alors chargé deux classes d’écoles de Morat de s’en occuper. Une superbe expérience de traduction. Maintenant, si Derib a déjà généreusement accepté de ne pas faire valoir ses droits sur l’album, on espère encore trouver un éditeur pour une même distribution gratuite dans les écoles alémaniques. »
Avec 1300 entrées payantes, l’objectif de rentabilité a largement été atteint (le seuil critique tournait autour des 1000 entrées) et les réactions enthousiasmantes du public garantissent une suite à ce festival particulier. Certains noms circulent d’ailleurs déjà pour l’édition de 2011, tels que Mordillo ou même Rob Reger, l’auteur d’Emily the Strange.
(par Olivier Wurlod)
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