La grand-mère de Jojo a le spleen. Le moral n’y est pas, et sa santé semble vacillante. Elle se désintéresse de tout et passe le plus clair de son temps à regarder la télévision. Mamy décide d’aller faire un check-up à l’hôpital. Pendant qu"elle est auscultée par un médecin, Jojo patiente dans la salle d’attente. Il feuillète les revues. Le jeune garçon découvre dans un magazine féminin un concours pour gagner une croisière sur un paquebot cinq étoiles. Il déchire en vitesse la page et la range dans ses affaires. Ayant rempli le formulaire du concours, il gagne quelques jours plus tard un voyage pour trois personnes. Alors que Mamy attend avec impatience et appréhensiion les résultats de ses analyses, ils s’embarquent, avec Gros-Louis, sur le navire où ils vont passer des vacances de rêve.
Pendant ce temps, le Docteur Plasma, le médecin de Mamy, téléphone au père de Jojo pour lui annoncer que les analyses sanguines semblent très mauvaises. La famille de Jojo est inquiète et n’a aucun moyen de joindre les vacanciers … Jojo, lui, va vivre une amourette avec une enfant moins naïve que lui, et un peu plus cruelle. Ils tentent tant bien que mal de profiter des vacances, malgré le blues de Mamy, le mal de mer dont est victime Gros-Louis, et le comportement de la jeune fille dont Jojo est épris.
Sergio Salma a imaginé cette histoire pour son ami André Geerts en 2008. Les auteurs ne pouvaient pas se douter que des événements tragiques allaient imposer une lecture différente sur ce Mamy Blues. Ce récit contient bien entendu tous les ingrédients d’un bon album de Jojo : émotion, humour, sensibilité, poésie, sans oublier une vision subtile du monde de l’enfance.
Mais dans Mamy Blues, Sergio Salma et Geerts abordent des thématiques difficiles comme la dépression, la maladie et la peur de perdre un être proche. André Geerts a entamé le dessin de cette histoire sans savoir qu’il livrait là ses dernières pages avant d’petre frappé par par la maladie qui finit par l’emporter.
Les liens entre la fin de vie d’André Geerts et son travail artistique sont patents dans ce volume. Geerts y a mis une sacrée énergie. Mais il n’aura pas la force de le dessiner jusqu’au bout. Il a demandé à ses amis Alain Mauricet et Renaud Collin d’achever les deux planches et demie qui manquaient pour boucler cet album.
Sergio Salma confiait récemment au journaliste Thomas Van Hamme [1] sur les ondes de la radio belge Vivacité que Jojo et Mademoiselle Louise ne connaîtront pas de suite. « Ces séries sont liées à la personnalité d’André Geerts » avait-il sobrement commenté.
Effectivement, André Geerts nous laisse une œuvre touchante, candide et remplie des petits et des grands plaisirs du monde de l’enfance mais aussi de la vie des grands. Une œuvre dans laquelle il sera bon de se replonger de temps en temps.
(par Nicolas Anspach)
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Bonjour, Monde Cruel !
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Illustrations : (c) Geerts, Salma & Dupuis.
[1] Fils du scénariste de Largo Wnch, Thomas Van Hamme est animateur pour la RTBF, radio et télévision publique belge. NDLR.