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Le destin belge de René Goscinny

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 2 avril 2009                      Lien  
On ne soulignera jamais assez les attaches belges de Goscinny. C’est en Belgique qu’il publia ses premiers travaux importants : Lucky Luke, Le Petit Nicolas, Oumpah-Pah, Spaghetti, Strapontin, Prudence Petitpas. C’est en Belgique qu’il fit la connaissance de Charlier et d’Uderzo, co-fondateurs avec lui du Journal de Pilote.

Ce sont « Les années belges au journal Tintin (1955-1961)  » que la Fondation Leblanc s’emploie à faire revivre (du 1er avril au 25 septembre 2009). Tout commence à New-York en 1949, où il rencontre grâce à des amis communs Jijé, Morris et un certain Georges Troisfontaines, éditeur et publicitaire, qui tient en main la régie publicitaire de Spirou et une agence de distribution de la bande dessinée, la World Press. « Si vous passez par Bruxelles… » lui dit l’homme d’affaires qui pense qu’à 10.000 kilomètres de la capitale belge, son invitation sera sans conséquence.

Or, le jeune Goscinny se rend compte que sa situation à New-York aboutit à une impasse. Il pense faire son retour en Europe et le seul boulot concret qu’on lui propose passe par la Belgique. Georges Troisfontaines l’engage en 1951 pour représenter son agence à Paris. Grâce à Charlier qui travaille pour Troisfontaines, il rencontre Albert Uderzo. Il écrit un Jerry Spring pour Jijé (L’or du vieux Lender) et surtout devient le collaborateur privilégié de Morris sur Lucky Luke à partir de 1955 (Des Rails sur la prairie, N°906 du Journal de Spirou).

Le destin belge de René Goscinny
Tibet, Anne Goscinny et Paulette Smets, responsable de Belvision et administratrice de la Fondation Leblanc, lors de l’inauguration.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Le 6 septembre 1956, il est contacté par le rédacteur en chef de Tintin, André Fernez qui lui écrit une longue lettre dans laquelle il raconte qu’il a entendu parler de sa réputation de scénariste de talent. Il lui propose de devenir le scénariste à tout faire du journal. Goscinny ne se fait pas prier et prend aussitôt le train pour Bruxelles. Or, ce jour-là, raconta le dessinateur Tibet lors de l’inauguration de l’exposition, André Fernez est retenu par une réunion et ne peut recevoir le scénariste venu de Paris. Il demande à Tibet de le faire à sa place. C’est le début d’une amitié qui ne s’est achevée qu’avec le décès de Goscinny en 1977.

Pour Tintin, entre 1955 et 1961, Goscinny va multiplier les collaborations : avec Franquin, Uderzo, Berck, Macherot, Maréchal, Tibet, Angenot, Craenhals, Bob De Moor, Weinberg… Les séries ? Oumpah-Pah, Spaghetti, Prudence Petitpas, Strapontin, Modeste & Pompon… Une suite marquante de créations qui ne sera éclipsée que par celles qu’il réalisa plus tard pour Pilote.

Dans la salle de cinéma où sont projetés les films de Goscinny, la Fondation a remis les sièges où Raymond Leblanc, Morris, Uderzo, Goscinny et Ray Goossens (le principal réalisateur de Belvision) visionnaient les rushes.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

L’aventure belge de Goscinny ne s’achève pas là. À partir de 1967, les studios bruxellois Belvision, appartenant à Raymond Leblanc, également patron du Journal Tintin, adaptent Astérix, puis Lucky Luke, ainsi que des courts-métrages avec Oumpah-Pah et Spaghetti. En 1967, sur une croisière, Goscinny rencontre une ravissante jeune fille issue d’une famille d’origine belge qui ignore qui il est. Elle deviendra sa femme.

Fut-il belge, on n’échappe pas au destin.

Goscinny et Franquin
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Goscinny et Uderzo
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Goscinny et Tibet
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Exposition René Goscinny au journal Tintin (1955-1961), du 1er avril au 25 septembre 2009.

Fondation Raymond Leblanc, avenue Paul-Henri Spaak, 7 à 1060 Bruxelles.

Ouvert du mercredi au vendredi et le 1er week-end de chaque mois de 12h00 à 18h00, fermé en juillet et les jours fériés.

 
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6 Messages :
  • Le destin belge de René Goscinny
    2 avril 2009 13:49, par Gill

    Petite correction d’une erreur qui a la vie dure : un "publiciste" est un juriste spécialiste du droit "public", et pas un créateur de publicités.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 2 avril 2009 à  15:11 :

      Vous avez raison. C’est corrigé.

      Répondre à ce message

  • Le destin belge de René Goscinny
    2 avril 2009 21:55

    Je croyais que Gilberte était Niçoise, pas Belge...

    Répondre à ce message

    • Répondu le 3 avril 2009 à  08:07 :

      Oui, oui. Gilberte Polaro-Millo était niçoise. Réné et elles se sont rencontrés lors d’une croisière en mer du Nord. Plus près de la Belgique que de la Côte d’Azur, mais ce n’est pas une raison pour devenir belge.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 avril 2009 à  08:12 :

        Vous avez raison, j’ai précisé ma phrase. Elle a beau être niçoise, sa famille était d’origine belge.

        Répondre à ce message

  • Le destin belge de René Goscinny
    29 mai 2009 12:39, par Arnaqué

    Cette exposition est une arnaque :
    Trois Euros l’entrée pour voir dans les anciens locaux de Belvision une projection du « Daisy town » de Lucky Luke et quelques correspondances banales dactylographiées entre Goscinny et Hergé et quelques planches de Signor Spaghetti et d’Iznogoud .
    Et quelques panneaux reprenant une biographie succincte et boiteuse de Goscinny.
    A cela, il faut ajouter qu’il n’y a aucun guide et rien pour signaler la présence de cette exposition et qu’elle n’est pas d’un accès aisé.
    Bref, j’ai eu l’impression d’être dans la salle d’attente de chez mon dentiste, en plus ennuyeux et plus pénible et j’ai payé pour voir ça….

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