Le dormeur - Par Rodolfo Santullo et Carlos Aón - Éditions (...)

Le dormeur - Par Rodolfo Santullo et Carlos Aón - Éditions iLatina

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Un dormeur d'avant l'effondrement de la civilisation se réveille après de longues décennies d'attente. Mais voilà qu'au lieu de resurgir dans le paradis extraterrestre qu'on lui avait promis, il se retrouve abandonné dans un immeuble délabré, sorte de cité-état enclavée en altitude, et doit tout de suite gagner sa place en découvrant le coupable d'un meurtre, puisque dehors les cannibales attendent…

Le duo Rodolfo Santullo et Carlos Aón collaborent dans cette comédie afin de nous livrer une adaptation satirique du Dormeur de Woody Allen. Si dans le film de 1973, on nous faisait rêver d’un futur utopique et baignant dans l’abondance et le plaisir sensoriel, ici, on nous fait plutôt sourire d’un monde post-apocalyptique, aussi déprimant qu’absurde, digne de l’univers de Fallout.

Dans un futur bien trop proche, la Terre succombe à la catastrophe écologique et la civilisation s’effondre. Comme on pourrait s’y attendre, les milliardaires ont déjà prévu une deuxième résidence dans le satellite jupitérien Io et s’enfuient, abandonnant derrière eux l’humanité toute entière. Mais voilà que quelques petits fonctionnaires ont cru pouvoir les rejoindre en soudoyant les gardiens des vaisseaux. Sauf qu’en l’occurrence, notre “héros” Luis s’est fait berner et abandonner dans un immeuble où les quelques survivants doivent faire face à l’extinction graduelle de leur petite communauté.


Le dormeur. Ed. iLatina

Dehors, les Madmax (oui, pas besoin de subtilités dans ce récit), sortes de barbares cannibales de la Pampa post-apo, chassent les derniers survivants de la civilisation “d’avant”. Dedans, la fragile cité est constituée de rescapés qui s’éteignent peu à peu, alors que les vivres (de précieuses boîtes de conserve) commencent à disparaître et que leur gérant est mystérieusement assassiné…

Dans une ambiance de huis clos, ce polar post-apocalyptique alterne avec aisance entre les deux registres, si bien que la mort et l’angoisse planent sur le récit. Nous reconnaissons le sarcasme de Santullo [1] qui ne rate pas une occasion de nous faire réfléchir sur les ressemblances entre ce monde foutu et le nôtre (dans une veine similaire au Pinocchio de son compatriote Lucas Varela). Aidé par le graphisme semi-réaliste stylisé de Aón, ce petit récit ne se perd pas dans les divagations de son univers et maintient le suspense au cours d’une lecture qui se révèle fort joviale, nous livrant une approche originale sur l’apocalypse, qui est après tout (au sens strict du mot), un nouveau commencement.