Le grand retour d’Aya de Yopougon

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Nous la connaissons désormais, cette charmante jeune femme, Aya, qui habite Yopougon, une banlieue d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Elle étudie le droit, a une relation compliquée avec Didier, un avocat qui est fou d’elle mais dont elle ne veut pas, et elle doit trouver un stage, mais surtout pas dans le cabinet de Didier, si bien que deux de ses copines vont profiter de l’aubaine.

Dans la galerie des personnages, y a aussi Albert qui a avoué son homosexualité à ses parents et en Afrique, ce n’est pas une mince affaire. Son père pense qu’il s’est fait marabouter par des ennemis qui cherchent à l’abattre et sa mère pense qu’il est malade et que cela va s’arranger. Alors il a déserté la maison de ses parents, mais pour se loger, mon dieu, quelle galère quand on n’est qu’étudiant…
Et puis il y a Bintou qui est devenue une actrice à la suite du succès d’une émission à laquelle elle a participé et qui joue dans un feuilleton qui cartonne dans laquelle elle incarne une « briseuse de ménages », si bien que toutes les femmes qu’elle rencontre -qui ne font pas la différence entre fiction et réalité- veulent lui jeter un mauvais sort.

: © Abouet / Oubrerie / Gallimard BD

Il y a aussi, nous sommes à Paris cette fois, Innocent, un garçon volubile et enthousiaste, un brin naïf qui s’est fait refuser son permis de séjour en dépit des promesses du nouveau président François Mitterrand -nous sommes en 1981- et qui vit avec son copain dans le Ve arrondissement de Paris…

La multitude des personnages et des situations, c’est le propre de cette série chorale qui a déjà vendu 800 000 exemplaires et fait l’objet d’un magnifique film d’animation en 2013, des traductions en 15 langues et même un prix du meilleur premier album à Angoulême en 2006. Le tome 7 sort après une interruption de… 12 ans.

: © Abouet / Oubrerie / Gallimard BD

Pourquoi s’est-elle arrêté 12 ans alors ? Parce que Marguerite Abouet, la scénariste, avait besoin de souffler après ce premier et intense succès. Elle a eu une proposition pour faire des feuilletons TV en Afrique et elle s’est jetée à corps perdu là-dedans. Avec talent car c’est une formidable écrivaine de comédies et une dialoguiste hors pair.

Ces dialogues justement, vifs, inventifs sont sertis d’expressions idiomatiques africaines qui donnent à cette série un ton unique et charmant. Le scénario comme le dessin sont plus resserrés que jadis, ils ont gagné en maîtrise. On recommande.