L’histoire des publications Disney en France est quasi consubstantielle avec l’apparition de la bande dessinée moderne dans ce pays. Elle débute avec la relation privilégiée entre le créateur de Mickey avec Paul Winkler, le fondateur d’Opera Mundi. Fondée en 1928 à Paris, cette agence de presse qui distribuait le contenu éditorial (articles et BD) des grands syndicats américains détenait jusqu’à la fin des années 1970 l’exclusivité des grandes bandes dessinées classiques de l’Âge d’Or, celles appréciée des collectionneurs, Disney inclus [1].
Winkler joua un rôle prépondérant dans la reconnaissance de la bande dessinée en favorisant la création en 1962 du premier club de collectionneurs, le CELEG, publiant par exemple le discours de la sociologue Evelyne Sullerot à Bordighera en 1965, Bande dessinée, antichambre de la culture et en soutenant la plupart des grandes expositions autour de la bande dessinée américaine en Europe initiées par les Claude Moliterni, Maurice Horn et autres Pierre Couperie. Il ferrailla jusqu’à l’Assemblée nationale contre la fameuse loi de censure de 1949 pour la Protection de la Jeunesse. Il est surtout le créateur du Journal de Mickey (1934) dans le cadre d‘une alliance entre le studio de Burbank et le groupe Hachette, alliance qui fut reconduite en direct par Disney bien des années plus tard.
Les premiers albums Disney en France paraissent sous le label Hachette dès les années 1930 (Mickey a été créé en 1928) et ceci jusque dans les années 1990 où une alliance avec le groupe danois Egmont, l’autre grand licencié Disney dans le monde, a favorisé un grand nombre de publications en albums parfois dans de très grands et beaux formats. Les ventes étaient alors importantes, jusqu’à parfois 50.000 exemplaires au titre. Mais le marasme qui frappa le marché dans ces années-là fit qu’Hachette abandonna cette activité. Depuis, les bandes dessinées Disney n’apparaissaient que sporadiquement en librairie, à la remorque de ses produits jeunesse, livres de première lecture ou d’activité pour enfants.
C’était une anomalie car les magazines de Disney restent encore aujourd’hui leader dans la presse distractive pour la jeunesse et la culture des BD Disney reste très importante en Europe, notamment en Scandinavie, en Allemagne, en Hollande et en Italie, où les œuvres de Carl Barks et de Don Rosa font l’objet de rétrospectives importantes et luxueuses avec des tirages comptant parfois des dizaines de milliers d’exemplaires, favorisant un passage intergénérationnel de la culture Disney, du journal (pour enfants) au livre ciblé pour une audience plus âgée.
Cette anomalie vient d’être corrigée grâce à un accord entre Disney-Hachette et Glénat. La maison grenobloise entretient depuis longtemps des relations privilégiée avec Hachette qui est son distributeur, par ailleurs le plus puissant de France. De son côté, Hachette est bien placée pour constater que Glénat dispose de l’une des équipes de diffusion les plus performantes du marché de la bande dessinée et un savoir-faire éditorial incontestable en ce qui concerne la jeunesse, en particulier grâce à Titeuf et aux mangas.
Cette alliance objective permet de voir fleurir un certain nombre d’ouvrages labellisés « Disney » dans les rayons en cette fin 2010 :
Une collection thématique, Mickey & Co, qui décline, pour les plus jeunes, des histoires de Pirates, de Magie, de Cow-Boys et de Spectacles
Un très beau recueil, Mes plus belles histoires de Noël signé Carl Barks, l’un des plus brillants animateurs de Donald Duck et qui crée pour Walt Disney les personnages mythiques de Picsou (Uncle Scrooge, 1947) et des Rapetout (Beagle Boys, 1951).
Une Intégrale Carl Barks en 24 volumes dont le premier volume vient de paraître et sur laquelle nous reviendrons achève cet effort de réhabilitation de Disney en libraire.
Il était temps !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] La marque Opera Mundi, citée par Gainsbourg dans Comics Strip, appartient aujourd’hui à Jacques Glénat.
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