Il est fini le temps de l’amateurisme où une boutique pouvait s’ouvrir avec quelques bandes dessinées dans une caisse de bananes. Maintenant, les librairies sont totalement informatisées, avec une gestion des stocks en flux tendu et dénotent d’un sens aigu pour s’adapter aux goûts du public. La plupart des librairies spécialisées sont membres de l’Association des Libraires BD (ALBD) et de véritables multistores à vocation multiculturelle voient le jour qui changent considérablement la donne éditoriale. On peut sans nul doute affirmer que c’est grâce à cette modernisation, conjointement à son développement en grandes surfaces, que la croissance de la bande dessinée a pu conserver cette embellie qui la caractérise depuis dix ans. Avec la vente de produits dérivés et de produits connexes comme les livres sur le cinéma, ces libraires spécialisés proposent aujourd’hui une offre segmentée avec cet avantage sur les grandes surfaces : une qualité de prescription et une culture de la BD qui n’a pas d’égale dans le monde, sauf peut-être au Japon.
Une politique d’expansion
Quand Christophe Lebel rachète à la famille Rasquain les mythiques librairies de la rue Dante dans le sixième arrondissement de Paris, personne n’aurait pu croire que quelques années plus tard il en ferait un puissant groupe de librairies indépendantes capable de dialoguer d’égal à égal avec les plus grandes maisons d’édition. Auparavant, Lebel avait fédéré les libraires spécialisés en BD dans une association qui pèse également son poids sur le marché et qui a, en son temps, combattu pied à pied pour que les grandes surfaces respectent le prix unique du livre.
« Après un développement en propre sur les dix dernières années, avec 23 librairies à ce jour, Album vient d’ouvrir ses 2 premières franchises à Limoges (le 28 Octobre dernier) et Metz (le 18 Novembre) » nous dit le communiqué de presse du groupe. « Ces deux premières ouvertures s’inscrivent dans le projet plus général d’Album de la création d’une vingtaine de nouvelles librairies BD sur les 5 prochaines années, principalement dans des villes de 80 000 à 200 000 habitants de manière à obtenir un maillage plus fin du territoire. » Soit, à terme, pas loin de 50 points de vente, de quoi rivaliser avec les FNAC et autres « espaces culturels » des grandes surfaces.
Spécialisés en bande dessinée
La caractéristique de ces points de vente spécialisés est la qualité de ses conseils et une politique de fidélisation du client qui s’exprime par un choix de quelque 12 000 titres différents ainsi qu’une offre de produits dérivés (quelques « Tintin Corner » sont installés dans certaines de ces échoppes). De même que des tournées d’auteurs exclusives, des expos, des jeux-concours, des tirages spéciaux, des portfolios, une carte de fidélité commune à l’enseigne, un magazine bimestriel (Album magazine) et un site (www.album.fr) pourvu d’une newsletter mensuelle.
« Où sont les neiges d’antan ? », disait le poète François Villon dont le fantôme hante le Quartier Latin. Elles ont fondu sous le soleil du succès semble-t-il.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Christophe Lebel. Photo : D. Pasamonik.
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