Europe de l’Est, début du XXe siècle. Un tisserand juif se rend au marché pour vendre ses tapis brodés à la main. Tandis que sa femme est sur le point d’accoucher, il se voit refuser ses travaux car son grossiste n’accepte plus que des tapis manufacturés.
Le futur jeune père de famille se trouve alors confronté, le temps d’une journée pas comme les autres, à la réalité du marché qui bouleversera sa vie...
En jetant un coup d’œil distrait à l’intérieur de l’album, rien ne semble réellement sortir du commun. Pourtant, la finition apportée à la couverture maintient l’intérêt et c’est tant mieux : l’art de James Sturm se traduit effectivement mal d’un simple regard, car c’est dans sa construction que réside tout son savoir-faire.
Par cette journée habituelle d’un tisserand juif, il dépasse le commun pour soulever des questions fondamentales mais omniprésentes : la place prise par la famille en opposition à la liberté individuelle ; le rapport aux autres, qu’il soit moqueur par les amis ou chaleureux de la part les inconnus ; la réflexion sur son travail personnel en lien à la stimulation de son environnement et au prix que la société économique en perçoit.
Une fois de plus, Vincent Bernière prouve la justesse de son regard dans une collection Outsider qui mérite toute notre attention. En plus de la richesse apportée par ce mémorial de la communauté juive d’Europe centrale, le livre de James Sturm touche tout un chacun par son évidente simplicité et sa construction parfaitement maîtrisée. Le lien avec la symbolique créative, confirmé dans la postface, ne fait que certifier le traitement profond de l’œuvre artistique. Un voyage aussi simple que bouleversant.
(par Charles-Louis Detournay)
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