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Le jour où l’autoédition fut interdite

Par Morgan Di Salvia le 13 mai 2011                      Lien  
Pierre Maurel a imaginé un futur où l’autoédition artisanale est interdite au profit d’une édition officielle et industrielle. Faire un fanzine s’apparente alors à un acte d’insoumission, voire de terrorisme. Blackbird est un excellent scénario de politique (éditoriale) fiction.

Dans cet album dont le maître-mot est la mise en abyme, on suit un collectif de jeunes dessinateurs qui animent avec ferveur un fanzine appelé Blackbird. Assez rapidement, des dissensions vont apparaître entre les différents membres du projet. Face à la tentation de publier ailleurs et aux difficultés liées à l’apparition d’une loi interdisant l’autoédition, les uns et les autres vont réagir de manière très différente...

Le jour où l'autoédition fut interdite
Un extrait de "Blackbird"
© Maurel - L’Employé du Moi

D’abord paru sous la forme d’un petit fanzine, Blackbird devient ces jours-ci un (très beau) livre, édité avec soin et raffinement par l’Employé du Moi. Vu le sujet de l’ouvrage, c’est un pied de nez que de reprendre le fanzine en album. Car Pierre Maurel utilise la fiction pour s’emparer de l’antagonisme entre l’édition artisanale et l’édition industrielle. Servi par un scénario malin et un dessin efficace, Blackbird témoigne avec pertinence de la vivacité du fanzinat.

Un brin désabusé malgré sa fin ouverte, l’album de Maurel développe une contre-utopie pessimiste à la manière du Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.

Hymne à la petite édition qui résonne comme un manifeste politique, Blackbird est un des livres marquants parus ce semestre.

(par Morgan Di Salvia)

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Blackbird – Par Pierre Maurel – L’Employé du Moi

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> Pierre Maurel, dessinateur militant

 
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11 Messages :
  • Le jour où l’autoédition fut interdite
    13 mai 2011 20:19, par Laurent

    Sujet intéressant.
    Déjà vu : SOS bonheur de van Hamme ...

    Répondre à ce message

    • Répondu le 14 mai 2011 à  01:23 :

      Rien à voir, lisez d’abord !

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      • Répondu par Laurent le 14 mai 2011 à  15:22 :

        Cf. le volume "Profession protégée" dans S.O.S Bonheur :

        un jeune auteur accède à un statut envié de maitre en

        écriture, alors qu’il n’a pas encore écrit. Ainsi, il se

        doit de "pondre" un certain nombre de livres, mais

        ce qu’il écrit ne va pas dans le sens de la ligne, visée

        politique du régime en place : trop triste,trop

        pessimiste...

        Il choisit par la force des choses de tout quitter pour

        écrire ce qu’il souhaite, en perdant alors sa situation

        d’apparatchik. La police investit son logement pour

        production intellectuelle clandestine, en fraude par

        rapport à une production monopolistique, seule autorisée.

        Sinon je n’ai pas encore lu Blackbird et je suis curieux de

        le découvrir !

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  • Le jour où l’autoédition fut interdite
    14 mai 2011 13:11, par Bakounine

    J’ai une autre idée. Le jour où l’édition est interdite et seule l’auto-édition autorisée. Et on se retrouve avec que des livres de geeks qui racontent leur nolife. Le tout mal imprimé et en noir et blanc obligatoirement.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Oncle Francois le 14 mai 2011 à  20:32 :

      arf arf, Bakounine, j’ai compris votre trait d’humour (ou votre attaque contre un genre en vogue... pour l’instant ou jusqu’ici). Ceci dit, il faut reconnaitre honnètement que les livres d’"hauteurs" que l’on voudrait faire atteindre au lecteur de base sont quand même en général bien imprimés. D’ailleurs il me semble que vers 1990, les premiers livres de Cornelius étaient en fait des photocopies laser, agraphées sous couverture sérigraphiée (les premiers comics de Trondheim, Sfar, Menu et David B.).

      Maintenant si ce genre de livres est actuellement imprimé de façon luxueuse (couvertures cartonnées, papier luxueux, cahiers parfois cousus) en dépit de ventes plus que moyennes, je pense qu’il faut s’interroger sur leur mode de financement. Et là, il me semble qu’il existe de nombreuses subventions généreuses de communautés, conseils régionaux ou organismes culturels du type CNL. D’où vient ce bel argent ? De nos impôts pardi, puisque ces organismes se soucient plus d’obtenir des budgets pour vite les dépenser plutôt que de créer une véritable richesse !

      Il reste la solution de l’édition numérique, c’est-à-dire du blog, qui a l’avantage de ne rien coûter à personne. Les éditeurs viennent y faire leur repérage de jeunes auteurs talentueux, à la limite je préfère encore ce genre d’édition, même si je ne le fréquente guère !!

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      • Répondu par Alex le 16 mai 2011 à  00:27 :

        De nos impôts pardi, puisque ces organismes se soucient plus d’obtenir des budgets pour vite les dépenser plutôt que de créer une véritable richesse !

        De quelle richesse parlez-vous ? Vous ai-je bien lu : souhaitez-vous que les organismes d’états régionaux ou nationaux spéculent avec l’argent du contribuable pour accumuler plus de fonds pour financer... Pour financer quoi d’ailleurs ? Les oeuvres qui vous conviennent ? Cela serait pratique si le monde était peuplé de répliques de Pincemi, heureusement ce cauchemar futuriste devra encore attendre.

        Vous avez au moins le mérite d’être clair : la diversité vous est égale, le facteur culturel doit se soumettre à la loi du marché (à bas les aides : un livre ne doit jamais prendre plus d’un an à être réalisé- c’est un gaspillage de l’argent du contribuable).

        Alors vive la jungle (capitaliste) ! Que le plus marketable s’en sorte par ses propres moyens ! La culture ne doit rien coûter. Tsss, la culture....

        Moins autiste que l’Occulte vous êtes toutefois sur la même voie autoritaire, vous vous réclamez de la diversité mais votre ligne se basant sur la qualité d’une tradition par vous définie n’est en fait qu’une nostalgie. Celle où l’état veillait sur tout et choisissait pour vous, ne serait-ce que par voie d’exclusion.

        J’espère que vous interviendrez souvent encore pour réagir aux livres qui vous déplaisent. C’est le signe qu’on est toujours en démocratie.

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      • Répondu par Bakounine le 16 mai 2011 à  08:12 :

        Je parlais d’une idée d’histoire d’édition-fiction, pas de la réalité. Dans la réalité, tout le monde sait bien que les auteurs qui s’auto-éditent ont tous du talent et que les gros éditeurs capitalistes ne publient que ceux qui n’en ont pas parce qu’ils rapportent plus d’argent, c’est bien connu. Tout le monde sait bien que les bons dessinateurs sont nuls et que les auteurs complets qui dessinent maladroitement sont bien plus méritants parce qu’ils sont complets. Un tiers dessinateur, un tiers scénariste, un tiers éditeur. Mais juste un tiers parce que être un dessinateur complet ou un scénariste complet ou un éditeur complet, c’est une tare.

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      • Répondu par tanxxx le 16 mai 2011 à  15:53 :

        arf arf, Oncle François, j’ai compris votre trait d’humour. A quand l’autodafé des livres "peu vendeurs" qui ont trop couté à "vos impôts" ? Une telle méconnaissance du métier, que ce soit du côté de l’auteur ou de l’éditeur, fait peur.

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    • Répondu par Hutch le 14 mai 2011 à  20:40 :

      Vision caricaturale de l’auto-édition. Vous ne semblez pas connaitre David Dethuin http://daviddethuin.com/ ni Claire Brétécher, Jean Graton, Tabary et Gotlib, artistes de grand talent qui ont pratiqué l’auto-édition (bien imprimée et en couleur).

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      • Répondu par Bakounine le 16 mai 2011 à  07:57 :

        Et qui ont commencé en s’auto-éditant ?

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        • Répondu par Nicolas Moog le 16 mai 2011 à  21:13 :

          Je ne sais pas où cet Oncle François va chercher tout ça...
          Mais ses arguments sont extrêmement savoureux. C’est toujours un plaisir de lire ce genre de littérature poujadiste, on voit tout de suite d’où vient l’ennemi. De toute évidence cet individu ne connaît rien au quotidien des auteurs et des éditeurs dont il parle.
          Il faudrait le lui expliquer, pour sa culture générale, pour qu’il comprenne comment ça se passe dans la réalité. Peut-être préfèrerait-il que ses impôts aillent à l’armée ou pour acheter de nouveaux uniformes pour la police nationale ? La question reste en suspend.

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