Le jour où le bus est reparti sans elle - Par Béka, Marko et Cosson - Editions Bamboo

Un jour presque comme les autres, Clémentine s’apprête à prendre le bus, mais ...celui-ci est déjà parti ! Trop tard pour pour rejoindre le groupe de méditation auquel elle envisageait de participer.
Isolée en rase campagne, elle trouve refuge auprès d’Antoine, unique commerçant de ce trou perdu. Un épicier pas comme les autres, car celui-ci va la réconcilier avec le bonheur de vivre au moyen de courtes histoires dont la morale zen et positive va finir par séduire Clémentine et surtout la persuader de voir la vie autrement que comme une succession de spleens et de déceptions.

Adepte de la méditation, mais un peu perdue dans sa petite vie de parisienne solitaire, Clémentine va, à la faveur de cette rencontre, trouver petit à petit réponses à ses doutes existentiels. Le commerçant bavard et bienveillant, rassure et séduit la jeune femme par des histoires simples, souvent pleines de bon sens. Ses récits se fondent sur des expériences diverses et variées mettant en scène des personnages ordinaires et attachants aux prises avec des conflits existentiels dont la solution aide à se construire une philosophie de la vie positive. De Thomas, le PDG randonneur à Chantal l’écrivain, tous retournent une image à la fois zen et positive de l’existence. Chaque scène nourrie de bon sens et d’optimisme, sans sombrer dans le moralisme, offre à la parisienne (et au lecteur) un prétexte à reconsidérer les malheurs du quotidien et à adopter une zen-attitude.

Ces petits contes zen se répondent tout en évitant l’artificiel ou le superflu, et rythment les échanges plein de charme et de douceur entre les deux personnages. C’est là incontestablement, la réussite de cet album hors norme, ni traité philosophique, ni plaidoyer d’un bouddhisme de pacotille mais dont le procédé narratif donne à ces conversations une atmosphère de soirée réconfortante entre amis de confiance.

Beka, dont on a pu suivre les aventures des Rugbymen ou des jeunes héroïnes de Studio Danse, nous propose à travers cet album atypique la première feel-good BD ! Avec ces petits contes zen remis au goût du jour avec humour et recul les auteurs nous offrent un livre tourné davantage vers le développement personnel que vers des interrogations psy et torturées.
Derrière ce pseudo se cache un couple d’auteurs (Bertrand Escaich et Caroline Roque) qui invite le lecteur, au détour de ce récit initiatique et optimiste, à relire toute une série d’histoires ancrées dans une culture planétaire pleine de bon sens. Un retour vers une philosophie de la vie à laquelle, depuis quelques années aspire un bon nombre de nos citadins hyperconnectés.

Bien entendu, la mise en image de cet album si particulier se devait d’accompagner au plus près l’esprit du récit. C’est chose faite grâce à Marko (auteur de la série Les Godillots avec Olier, chez le même éditeur) qui s’acquitte de la tâche par le recours à un graphisme souple et délicat, opportunément aidé par le travail subtil et sensible de la coloriste Maëla Cosson. A noter, chose peu courante que celle-ci est mentionnée en couverture.
Avec un album si singulier et terriblement rafraîchissant , Bamboo propose une des BD les plus originales de l’année. Si elle ne peut apporter de réponse à chacun, sa lecture est néanmoins susceptible d’apporter un certain réconfort à beaucoup, et par les temps qui courent, ce n’est déjà pas si mal !