Le possesseur contemporain du Marteau des sorcières poursuit sa lente compréhension du terrible pouvoir du livre maudit dont il a la garde. Un mystérieux correspondant anglais lui délivre la clé du chapitre intitulé : Man Aces Cemjk. Il a trait à la série de meurtres qui se sont déroulés en 1888, dans un quartier mal fréquenté de Londres, des meutres attribués à Jack l’éventreur. Trois amis, journaliste, linguiste et architecte, tentent d’enrayer cette folie meurtrière. Mais de nouveau, le Mal le plus infâme se tapit au cœur des hommes.
Après la bête du Gévaudan et la terrible vengeance du Warul, la série prend son essor en s’attaquant au plus mythique des serial killers : Jack l’éventreur. Siro revisite les meurtres des prostituées sous l’angle de la possession démoniaque. Le pari est risqué, mais il arrive à adapter cette légende urbaine avec les honneurs, car la narration distanciée et l’utilisation des détails troublants de cette sordide affaire donnent beaucoup d’épaisseur au récit.
Au contraire de From Hell [1], ou de la Voix des Ténèbres dans la même collection, le dessin de Thibert, plus à l’aise des les faubourgs londoniens que dans les forêts, apparaît étrangement net pour une histoire aussi sombre. Toutefois, ses superbes couleurs, toutes en nuances, enfoncent littéralement le lecteur dans l’ambiance glauque de Whitechapel. Les trognes si caractéristiques des personnages profitent des ombres plus marquées que dans le premier tome, ce qui en accentue le réalisme.
Petit bémol à cet éloge, quatre années séparent la parution de ces deux premiers tomes. Didier Convard, directeur de la collection Loge Noire, nous a confié que les couleurs seraient désormais confiées à un tiers, Thibert ayant besoin d’une année complète pour les réaliser. Pourvu que la qualité graphique ne soit pas sacrifiée !
(par Charles-Louis Detournay)
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[1] From Hell présente la vision d’Alan Moore sur ce sujet polémique. Les 575 pages de ce chef d’oeuvre, comportant un appareil de plusieurs centaines de notes, sont dessinés assez abstraitement par Eddie Campbell, Éditions Delcourt