Le petit monde tendre de Delcourt

Si on interroge des lecteurs en leur demandant de citer des albums de Delcourt, nombreux seront sans doute ceux qui baveraient « Walking Dead » ou hurleraient par exemple « Le Chant des Stryges », mais l’éditeur au triangle rouge continue de multiplier les genres pour diversifier son lectorat.

C’est ainsi qu’il a provoqué la rencontre entre une romancière, Marie Pavlenko, et la scénariste de Sorcelleries avec Guarnido et de Curiosity Shop chez Glénat, Teresa Valero qui a également travaillé longtemps dans l’animation. En effet, la première désirait transposer en bande dessinée L’omelette aux Lardons, son blog inspirée de sa vie de famille.

Les deux auteures, en symbiose.

"À l’origine, j’avais effectivement écrit une série de textes, parfois longs ou très courts, nous explique Marie Pavlenko. Et comme Teresa désirait se lancer dans le dessin en bande dessinée, nos chemins se sont rencontrés tout naturellement. J’ai été très impressionnée par ses sublimes illustrations, qui peuvent d’ailleurs se suffire à elles-mêmes !"

"Lorsque j’ai lu le texte de Marie, abonde Teresa Valero, Je me suis directement identifié aux personnages, car je vis la même histoire avec ma propre famille. J’ai réalisé tout d’abord quelques petits personnages, et puis nous avons confronté nos points de vue afin d’envisager ensemble la bonne direction. J’ai aussi voulu travailler les couleurs, les tons et les lumières pour souligner les sentiments, et y mettre de la tendresse. L’aquarelle apporte plus de douceur. Cela renforce l’aspect nostalgique, en nous rappellant souvent notre propre enfance."

Au départ, j’avais essentiellement travaillé le point de vue de la maman, explique Marie Pavlenko, mais l’album s’est construit avec Teresa : avec ses dessins, les personnages ont littéralement pris vie, et les enfants sont devenus un noyau autour desquels gravitent les parents. Et c’est assez formidable de voir les personnages revendiquer eux-mêmes leur propre destin ! Puis, nous tenions également très fort aux différents niveaux de lecture : nous ne voulions pas être seulement drôles, mais transposer un vrai reflet de famille en captant la vérité dans la complexité de ce microcosme si particulier."

Avec les superbes dessins de Teresa Valera, ce sont sûrement ces différents degrés de lecture qui font tout l’intérêt de ce premier tome de We are family. Les plus longues séquences se succèdent à des strips, voire à des récits en une seule image, ce qui prouve toute la puissance du dessin et de l’évocation de cet univers à la fois particulier et universel. Si l’humour n’est pas toujours dévastateur, la tendresse et les moments forts sont omniprésents. We are family comblera plus spécialement les jeunes parents, ou ceux qui voudraient se replonger avec nostalgie dans ces années aussi émouvantes que riches en catastrophes diverses !

Une bouffée de tendresse avec Le Petit Monde de Liz !

Pour rester dans la même thématique, découvrons l’univers si particulier du Petit Monde de Liz ; en transformant les pensées de jeunes enfants et parents dans les situations animalières, Liz Climo parvient à toucher à chaque dessin, ou séquences de ’cases’, en provoquant une explosion d’émotions et de tendresse.

Cela peut d’ailleurs sembler étonnant lorsqu’on apprend que son auteur, Liz Climo, travaille dans l’animation depuis près de dix ans, et essentiellement sur Les Simpson, un univers à l’opposé de celui qu’elle décrit dans cette petite merveille de calme et de douceur, doté d’un brin de parodie.

Mieux qu’un pot de Nutella, nous ne pouvons que vous conseiller de vous plonger dans Le Petit Monde de Liz, qui vous procurera des sentiments de tendresse, dans un esprit cocoon porté par un dessin simple mais charmant, et des personnages pleins d’attention de chaque instant.

Carnets de mariage pour tous !

Si vous n’êtes pas ou plus au stade des enfants, et que vous recherchez un peu plus d’humour, nous vous proposer de tenter l’aventure des Carnets de mariage, une compilation de saynètes réalisées par Romain Ronzeau, et qui évoque toutes les étapes de cette célébration, de la demande au jour J en passant par l’ensemble des préparatifs.

Si cette évocation n’est pas nouvelle, l’auteur apporte cet aspect innovant de présenter le point de vue du futur marié, moins fleur bleue et beaucoup plus ironique que celui de la future épouse. Si certains passages seront asexués, telles les dissensions avec les parents des futurs mariés, ou le choix du DJ, Carnets de mariage est surtout basé sur les différences de perception entre mari et femme.

Certains moments sont tendres, mais c’est surtout l’humour qui prédomine, porté par le dessin simple et efficace de Romain Ronzeau. Une façon idéale pour se préparer psychologiquement aux déboires de ce ’grand jour’, ou de se remémorer ces moments si particulier. Après cette lecture, vous aurez d’ailleurs sûrement envie de le partager avec d’autres couples d’amis !

La fin du Vent dans les sables...

Dans cette tendance que nous voulions vous évoquer, voici la dernière de ces sorties, mais non des moindres ! En effet, le grand Michel Plessix termine l’épopée du Vent dans les sables avec ce cinquième et dernier tome.

Crapaud étant parti sur un coup de tête pour courir l’aventure, ses amis s’étaient donc lancés dans ses pas pour cette suite du Vent dans les saules de Kenneth Grahame, que Plessix a imaginée. Pour rappel, l’auteur nous plonge dans un monde chaleureux, bucolique, poétique et contemplatif, peuplé d’animaux et superbemment dessinés et mis en couleurs.

Après la chasse au trésor initiée précédemment, ce dernier tome est le temps du départ, mais aussi le temps des adieux avec les nouveaux amis qu’ils ont rencontrés. Si vous faites partie des rares à ne pas encore avoir découvert cette série inimitable, subtile, poétique, et savoureuse tout en cultivant un humour bienvenu, il vous faut combler ce manque sans tarder.

Quant aux autres qui pourraient regretter dans cette sortie de voir le rideau tomber définitivement sur ces personnages si attachants, Michel Plessix nous livre un dessin dans les pages de garde finales, qui nous laisse présager un futur troisième cycle à ces aventures animalières, devenues une série culte pour la bande dessinée franco-belge.