1968. Le Duke (Ellington) arrive à Buenos Aires et demande des nouvelles d’un certain Oscar Aleman. Pour les admirateurs présents, c’est la panne : mais de qui parle-t-il ? Un journaliste va alors se lancer à sa recherche et retrouver par bribes toutes les étapes de sa carrière. Pour ce brillant guitariste, égal en virtuosité d’un Django, la vie n’a pas fait de cadeau, ni l’histoire.
Faisant quasiment œuvre de devoir de mémoire, Gani Jakupi a pris à cœur ce portrait saisissant. Avec lui, on accompagne la naissance du jazz, les numéros nus de Joséphine Baker, l’Entre-deux-guerres euphorique de Paris...
Difficile de ne pas avoir envie d’écouter la musique d’Aleman, tant l’auteur nous fait sentir son talent, aussi bien en tant que soliste que comme compositeur et chef d’orchestre. Les passages montrant le musicien à l ’œuvre ne souffrent pas, comme souvent, d’un dessin qui fait fi des détails (tenue d’une guitare, attitudes de jeu...). Seule la domination de scènes commentées plutôt que dialoguées gêne parfois la fluidité du récit, de même que le désordre volontaire des séquences : on commence en 1968 pour retomber en 1933, puis 1915... puis 1940...
Pour les amateurs de jazz, de guitare et de BD latino-américaine, ces bémols (!) paraîtront de toute façon bien mineurs...
(par David TAUGIS)
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