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Le rôle à contre-emploi du « Punisher »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 juin 2004                      Lien  
Pas de chance pour le Punisher. En d'autres temps, cette incarnation stéroïdée de la force virile aurait galvanisé plus d'un jeune spectateur à la recherche d'un héros dans lequel s'identifier. Cette façon de flanquer une raclée aux méchants est un excellent exutoire à la testostérone non utilisée du citoyen effrayé par le crime et par son apparente impunité. Le film live qui sort en salle en France le 9 juin ne raconte pas autre chose. Après tout, Schwarzenegger, Bush ou Sarkozy ont fondé leur réputation sur le même genre de roulements de mécanique.

Hélas pour le héros Marvel, le tas de muscle à gros guns est en ce moment à contre-emploi. Les forces américaines en Irak s’enlisent dans une guerre coûteuse et mal aisée et dont la légitimité est, c’est le moins que l’on puisse dire, contestée. Quand aux interrogatoires « musclés » susceptibles de faire gagner la guerre du renseignement, ils apparaissent davantage comme le travail de mercenaires plus enclins à exercer leur perversité qu’à faire avancer la démocratie.

C’est la fatalité du personnage créé par la Marvel en février 1974 (C’est alors un personnage secondaire de The Amazing Spider-Man) : Il n’a pas, comme ses collègues costumés, de super-pouvoirs. Frank Castle, alias, The Punisher, est un ancien membre de la Delta Force et du FBI. Rangé des voitures, prêt à mener une existence paisible auprès de sa femme et de son jeune fils. Hélas, ceux-ci sont assassinés. Sur ces prémisses, il finit par obtenir du succès et Marvel lui consacre trois fascicules mensuels à partir de 1990. Récemment, Garth Ennis et Steve Dillon lui ont donné une nouvelle jeunesse.

Le rôle à contre-emploi du « Punisher »
Thomas Jane dans Punisher
Mieux que Dolf Lundgren quand même. Photo : DR.

Du mauvais Tarantino.

Que dire du film ? Pas grand-chose. Jonathan Hensleigh a aménagé le scénario autour de la justification initiale de la violence du héros (s’écartant des origines où la famille du héros se fait massacrer dans Central Park). Il offre le point de vue de la vengeance croisée entre Castle et Saint. « Œil pour dent, dent pour œil » serait-on tenté de dire : « Je voulais explorer les différentes facettes de la vengeance, explique le scénariste-réalisateur. Je désirais montrer qu’il existe une vengeance que l’on peut considérer comme juste, et une qui n’est que corruption. Howard Saint est un criminel moderne, qui a acquis sa fortune par des activités illicites et s’en sert pour consolider sa place dans la communauté. Parallèlement à la drogue et à la prostitution, il possède aussi des entreprises légales, dont une affaire de commerce automobile et un club. Par bien des aspects, Saint est le double de Castle : c’est un homme très intelligent qui travaille dur, le meilleur dans son domaine, et c’est aussi un homme dévoué à sa famille. Lorsque son fils Bobby est tué au cours des négociations d’un trafic d’armes, Saint est prêt à tout pour venger sa mort.  » Mouais, bon. Sauf qu’entre deux scènes de castagne, on s’ennuie ferme. La machine tourne à vide. C’est du mauvais Tarantino.

The Punisher défenseur des Gays ?

Tout le problème est là : le point de départ, cette Loi du Talion appliquée à l’aventure, ces dizaines de personnages qui se font buter à chaque case sont proprement injustifiables.

Les rues de Laredo
Un étonnant manifeste en faveur des gays. (Collection Marvel 100%)

Dès lors, les scénaristes multiplient les justifications plus dégoulinantes de politiquement correct les unes que les autres. C’est le cas du dernier opus paru en français chez Panini/Marvel qui signale que, comme pour le film, cet album s’adresse « aux lecteurs avertis ». Dans Les rues de Laredo, un trou perdu au fin fond du Texas, le shérif est gay. C’est comme cela : les citoyens l’ont élu. Ils ont bien fait, car Steve Southall n’est pas pour autant une couille molle. On peut même dire que, pour défendre sa ville, il se tue à la tâche. Le scénario est un peu plus subtil que dans le film (et la traduction de Nicole Duclos ne manque pas de finesse) mais bon, ce vernis de discours de tolérance craquelle rapidement sous l’amoncellement des cadavres au point de discréditer la cause qu’il veut défendre. Enfin, si l’on veut bouffer du Punisher à tous les repas, on peut ajouter au dessert le dernier numéro de Wizard (Hors Série N°6) qui livre au sujet du héros un dossier évidemment « explosif ».

Le dernier Wizard
Pour tout savoir sur Frank Castle.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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