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Le secret le mieux gardé de l’édition de bande dessinée en France : l’Intelligence Artificielle

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er avril 2023                      Lien  
Le plus grand groupe de bande dessinée d’Europe ne s’en vante pas : depuis deux ans, un « Monsieur Intelligence Artificielle » œuvre en secret sur ses programmes d’édition. Son travail ? évaluer tous les scénarios du groupe avec un algorithme manœuvré par une IA qui détermine à l’avance les chances de succès d’une bande dessinée en librairie, mais aussi en grande surface et en numérique car les paramètres ne sont pas les mêmes. L'homme derrière cette innovation a un nom : il s'agit Néo-Zélandais Namor Clevershark. ActuaBD l'a rencontré.

M. Clevershark, vous ne le connaissez sans doute pas. On le voit de temps en temps passer dans les locaux de Dupuis, de Dargaud, d’Urban Comics et de Kana. Mais il est le plus souvent en télétravail dans son bureau de la Silicon Valley en Californie. Son job ? Évaluer les scripts produits par le groupe. À l’aide de son programme, il passe chaque scénario à la moulinette pour déterminer ses chances par rapport à différents facteurs-clés de succès que sont la caractérisation des personnages, le rythme, le climax, la percussion des punchlines, le profil du public-cible… Une sorte de "Monsieur Concept" du groupe aidé par l’IA en quelque sorte.

Le fait n’est pas nouveau. Nous vous avons parlé sur ActuaBD de la première BD française conçue par IA : Le Voyage à Ravine de Mehdi Touzani.

Le secret le mieux gardé de l'édition de bande dessinée en France : l'Intelligence Artificielle
La première BD française faite à l’IA

Netflix, en 2020, en pleine pandémie, pendant que son audience battait à plein, a testé un « global algorithm » sur les 680 scénarios les plus impactants sur les consommateurs de la plateforme dans le but de faire des recommandations à ses fournisseurs. La plateforme estime que cette innovation devrait lui rapporter jusqu’à un milliard de dollars par an.

D’autres plateformes ont suivi. La Warner Bros a signé avec la société Cinelytic le développement d’une application du même ordre, tandis que la 20th Century Fox utilise déjà une application habilement nommée… Merlin ! Magique, non ?

Le groupe Media-Participations ne pouvait pas être en reste. Depuis deux ans, il a engagé un expert du domaine : M. Namor Clevershark. Ce n’est pas n’importe qui : ses algorithmes ont déjà été au service de l’attraction Crush’s Coaster chez Disneyland ou encore sur le remake en prise de vues réelles du dessin animé classique des studios Disney La Petite Sirène (1989) qui sort en salle en mai 2023 en France.

« La bande dessinée franco-belge applique l’IA depuis des années sans le savoir, s’enthousiasme M. Clevershark. Regardez les Smurfs de Peyo : il s’agit d’un seul personnage, formidable économie de dessin, décliné en caractérisations bien claires qui s’adressent à chaque catégorie de public : les sachants, les intellectuels, les travailleurs, les femmes et même les gays ! C’est Midjourney avant la lettre ! Pourquoi ne pas systématiser le procédé ? »

Les Schtroumpfs : une IA d’avant l’invention de l’IA

Ce qui est incroyable, c’est que l’algorithme ne s’applique pas seulement aux œuvres ou au compte d’exploitation : les terminaux des librairies permettent de déterminer quelles sont les BD préférées des Corses, des Bretons, des Suisses et des Belges, à la ville, voire au quartier près. On peut connaître la performance de L’Arabe du futur dans le 93 ou du Chat du Rabbin à Sarcelles !

L’impact de l’IA a déjà eu ses effets. « Nous en sommes, sur le marché français, à +263% de bandes dessinées féministes, +164% de bande dessinée de « non fiction ». Mortelle Adèle chez Bayard, Idéfix chez Albert-René ou encore Le Monde sans fin de Jancovici et Blain, dans le top des ventes depuis deux ans, les dernières publications des éditions Dupuis, ont tous profité des algorithmes de l’IA ! » déclare fièrement M. Clevershark.

« La Guerre des intelligences » comme la surnomme le docteur Laurent Alexandre, a atteint le 9e art. Va-t-elle couler sous le poids de l’IA, et les créateurs avec eux ? C’est à vous de nous le dire...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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QUOI ? IL N’EST PAS FRAIS MON POISSON ?
Et oui, beaucoup d’entre vous ont observé que nous étions le 1er avril, le jour des farces et chaque année, nos lecteurs le savent, nous produisons quelques poissons. C’est donc une BLAGUE. Nous demandons aux victimes de cette plaisanterie de bien vouloir nous excuser. Idem pour les agences de presse et les chers collègues qui reprennent nos dépêches (à la ligne).
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