Le procédé est simplissime : transformer les plus grands succès du studio en manga papier, en assemblant des "captures d’écrans" du film pour le rendre cohérent en dépit de l’absence d’animation, un peu à la manière d’un roman photo. Ajoutez à cela quelques bulles de dialogues, des onomatopées pour rendre l’ensemble vivant, et voilà comment naissent les anime comics.
Et si l’exercice s’avère parfois quelque peu bancal visuellement, avec par exemple la version papier du film Dragon Ball Super Broly, dans le cas des adaptations des films du studio Ghibli, on est très loin d’être déçu.
La différence tient dans la qualité graphique du matériau adapté. Contraintes techniques et financières obligent, lors de la création d’un anime, les équipes créatives font souvent l’impasse sur certains détails, comme les arrières-plans, éléments qui, sous l’effet de l’animation, passent totalement inaperçus. Mais avec une image fixe, on se rend compte très vite de ces faiblesses, et il en résulte des pages qui peuvent être assez brouillonnes, voire carrément laides parfois, et en deçà de la qualité habituelle d’une planche de manga normale.
Mais avec les anime comics issus du studio Ghibli, il n’en est rien. En effet, les films adaptés sont justement réputés (entre autres) pour l’impressionnante qualité de leurs dessins, et le soin tout particulier qu’Hayao Miyazaki et toutes les équipes créatives accordaient au moindre détail de chaque plan, même les plus discrets. Ainsi, ce qui était une faiblesse de l’anime comics en général (mettre en lumière les imperfections de l’anime) devient ici une vraie force : on apprécie dans le détail toutes les qualités graphiques qui ont fait le renom des films Ghibli et on constate que rien n’est bâclé, laissé à moitié fini, imparfait...
Que les lecteurs soient prévenus : les anime comics prolongent l’expérience des films, mais ils n’apportent rien de plus. Pas de nouvelle scène, pas de suite, pas de réorganisation de l’intrigue ou d’effet de surprise. Nous sommes face à une adaptation fidèle de l’anime. L’expérience est très appréciable car, encore une fois, les dessins sont somptueux, et la couleur apporte un vrai plus par rapport aux mangas traditionnels en noir et blanc.
Glénat a donc entrepris d’adapter tous les plus grands succès du studio. On a déjà pu voir en librairie par le passé Mon Voisin Totoro (novembre 2013), Le Voyage de Chihiro (décembre 2018) et Princesse Mononoké (janvier 2020), et l’on verra d’autres projets à venir prochainement. La collection s’adresse aux fans hardcore du studio Ghibli, ceux qui souhaitent profiter des univers de Miyazaki autant sur l’écran qu’en manga, mais aussi à ceux qui souhaitent découvrir ces histoires autrement.
Car le fait de lire ces récits plutôt que de les voir et de les entendre, en faisant des pauses (les volumes sont très imposants, plus de 500 pages à chaque fois), leur donne une toute nouvelle dimension, et l’expérience n’a rien à voir avec celle éprouvée en cinéma. Ni meilleure ni moins bonne, mais sensiblement différente.
Et si l’on peut être tenté, de prime abord, de s’interroger sur l’intérêt de tels ouvrages, force est de constater que les éditeurs ont apporté un soin tout particulier à cette production, tant dans la qualité de l’impression que dans le découpage des films, pour rendre le tout dynamique. Il en résulte des livres singuliers, mais de très bonne facture, qui rendent un bel hommage à la poésie enchanteresse de l’œuvre d’Hayao Miyazaki et qui ne manqueront pas de séduire autant les fans de son univers que les néophytes.
Pour compléter chaque sortie dans la collection Anime Comics, Glénat propose également une version album jeunesse plus courte et plus abordable du livre à destination des plus jeunes, et un Art-book de grand format dédié au film adapté qui dévoile les coulisses de sa création : l’occasion de s’immerger encore plus dans l’œuvre de ce créateur majeur du dessin animé mondial.
En logo et survol : © Studio Ghibli.
(par Jaime Bonkowski de Passos)
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