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Le "vrai-faux" retour du Marsupilami dans la série Spirou et Fantasio

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 mai 2016                      Lien  
Dans le volume 55 des aventures de Spirou et Fantasio, une surprise de taille attend le lecteur : le Marsupilami revient après une absence de presque cinquante ans. L'animal créé par Franquin dans Spirou et les héritiers en 1951, avait quitté la série en 1969, Franquin ayant préféré garder la bébête sous sa propre signature, puis celle de Batem, dans des aventures autonomes. Mais ce retour ne devrait être que de courte durée...

Rétroactes : en 1968, Franquin décide d’arrêter Spirou et passe le relais à Jean-Claude Fournier. Mais, même s’il a créé des personnages secondaires qui restent attachés à l’univers du groom (Champignac, le maire, Zantafio, Zorglub, etc.), il n’a pas envie d’y laisser le Marsupilami, sentant le potentiel du personnage. Dans la "procédure de divorce", donc, il se réserve la garde du marsupial ovipare. Il fait l’objet de courtes histoires qui paraissent dans Spirou, et il le "prête" même à Fournier le temps d’un épisode, Le Faiseur d’or (1969), mais c’est Franquin lui-même qui dessine le Marsu à même les pages dessinées par Fournier.

En 1987, le personnage aura sa série indépendante sous le label de Marsu-Productions, une structure monégasque qui gère une partie des droits de Franquin, albums paraissant sous les signatures de Greg et de Batem. Il fait même l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques pour la TV, notamment par Disney aux États-Unis. La série continue à être publiée depuis sans discontinuer, le 29e volume étant paru en 2015, respectueux comme jamais de la création du maître, qui avait d’ailleurs lui-même adoubé Batem.

Mais en ce qui concerne Spirou, la procédure de divorce se montrait intangible, Marsu-Productions exigeant même, à une certaine époque, d’effacer l’animal à la longue queue des couvertures de certaines intégrales !

Et voici que 47 ans après son départ de Spirou, le Marsu fait son retour... Que s’est-il passé ? Eh bien, en 2013, Marsu-Productions a été racheté par Dupuis, ce qui fait que Marsu, mais aussi Gaston, reviennent au bercail carolorégien.

Le "vrai-faux" retour du Marsupilami dans la série Spirou et Fantasio
"Spirou N°55 : la Colère du Marspilami" de Yoann & Vehlmann (Ed. Dupuis)
© Marsu Productions

Fan service

On retrouve donc, dans ce 55e album la rédaction de Spirou avec le groom et son complice Fantasio aux manettes (exit Prunelle, Gaston, Mademoiselle Jeanne, mais pas De Mesmaeker qui négocie les contrats par Skype, on aura tout vu !) et le Marsupilami.

Disons-le franchement, cet album ne nous a pas séduit : les retours en force de Zantafio, de la rédaction de Spirou, de De Mesmaeker et du Marsupilami, ne convainquent pas. Le scénario tourne au "fan service" à cause d’une idée trop simple pour être crédible : un labo veut capturer le Marsu pour faire des expériences et découvrir grâce à lui des substances brevetables. C’est mince et déjà désuet au moment où le séquençage d’un génome est juste affaire d’une petite prise de sang avec relâchage de l’animal dans son écosystème. Il y a de l’action, de l’action, encore de l’action, ça percute dans tous les sens mais la candeur a disparu sous le magma référentiel. Un retour pour rien, pourrait-on résumer.

Exposition "Le Marsupilami, de Franquin à Batem". Château de Saint-Maurice, jusqu’au 13 novembre 2016.
© Marsu Productions

Bref passage

Et un retour qui ne durera pas, si l’on en croit la déclaration de Yoann à La Tribune de Genève : « Il y a eu une réunion au sommet, et on nous a signifié qu’il n’était pas question pour nous de le réintégrer définitivement dans les histoires de Spirou. » Qu’est-ce à dire ? Vehlmann doit modifier son scénario et conclure sans laisser entendre qu’on retrouvera l’animal dans un prochain album : « La fin de La colère du Marsupilami est une métaphore de ce qui se passe en interne : au lieu de revenir à Champignac, l’animal conserve sa vie propre » sans qu’il soit pour autant interdit de le réutiliser un jour. Même dans le même giron du groupe Média-Participations, les choses sont moins simples qu’à l’époque de d’André Franquin et de Charles Dupuis. De Mesmaeker pestait contre la "maison de fous" dans l’univers de fiction qu’était Gaston Lagaffe. Il semble bien qu’une fois de plus, la fiction rejoigne la réalité.

Houba à Saint-Maurice (Suisse)

Bah, si vos pas vous mènent en Suisse du côté de Saint-Maurice, une exposition sur le Marsu a lieu jusqu’au 16 novembre prochain : «  Elle évoque le trait de génie de Franquin, fait une large démonstration du travail de Batem, et vous invite à apprivoiser les différentes facettes « zoologiques » du Marsupilami – dont les ingénieux et facétieux usages de sa queue, ses techniques de séduction, son alimentation, sa méthode de dégustation des piranhas, ses secrets de langage ou sa fameuse « gastéromnésie », soit sa faculté de communication avec ses petits par son nombril, nous dit le communiqué. Et au-delà, plein d’autres surprises vous attendent dont un espace de jeux et de dessin, une salle de projection, un coin lecture 100% Marsupilami, un aquarium, ainsi que, surtout, le portrait original du Marsupilami par 30 bédéistes suisses ou encore, une galerie où l’animal le plus célèbre de la Palombie se révèle avoir été la muse des plus grands peintres. »

Houba, poh ?

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Exposition "Le Marsupilami, de Franquin à Batem". Château de Saint-Maurice, jusqu’au 13 novembre 2016. Le site de l’événement.

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© Marsu Productions

 
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