80 pages de la vie de Jean-Pierre. Sa maman, son papa souvent absent qui rentre le soir épuisé, son école, Cyril son meilleur copain...
Et puis ses moments de solitude, à la maison, dans les rues du village, parfois si hostiles le soir, et dans la forêt, qui se métamorphose dans la tête de Jean-Pierre. Les adultes aussi semblent sortir d’un film fantastique. Toujours trop grands, impressionnants, fascinants. D’un autre monde. Surtout les frères Crinchon, sorte de tribu sauvage dotée d’une force herculéenne, objet de toutes les rumeurs malveillantes.
Un univers qui paraît ordinaire. Mais on comprend vite qu’entre sa splendide maman et son père, la situation empire. Pour autant, il faut continuer. Travailler à l’école, participer aux travaux dans les fermes, et même éliminer un malheureux chaton (une scène choc, très éprouvante de l’album).
Leçon de choses évoque immédiatement deux oeuvres : une BD parue chez le même éditeur en janvier : Demi-course et casquette motul de Christophe Gaultier et l’argent de poche de François Truffaut.
Le plus de Mardon, c’est le don d’observation, sa capacité de changer de registre avec brio. Les quelques scènes ou apparaît Sophie, la plus jolie fille de l’école, sont assez magiques.
Et puis un peu comme dans c’était le bonheur de Blutch, l’évocation du divorce, ressenti à hauteur d’enfant, est frappante de justesse et de sensibilité.
Cet univers, ancré dans la France des années 70-80, naît d’un dessin simple et clair, qui devient plus précis lors de scènes-clé, quand les regards en disent long et que l’émotion devient palpable.
L’instituteur, figure imposante et à géométrie variable, se retrouve ainsi croqué à la manière des Beatles de Yellow Submarine...
Quand on établira la liste des indispensables de la BD évoquant l’enfance, nul doute que leçon de choses figuera en bonne place. Un incontournable de cette année.
(par David TAUGIS)
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