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Lefranc -T17 : Le maître de l’atome - par Martin, Taymans, Jacquemart, Dreze, Cayman - Casterman

Par Erik Kempinaire le 17 novembre 2006                      Lien  
Cet album des aventures du reporter Lefranc est un événement à plusieurs titres. En effet, il s'agit du centième album, toutes séries confondues, proposé par {{Jacques Martin}} chez Casterman, ensuite, il met en place une excellente équipe de "repreneurs" et enfin, il est basé sur un ancien scénario du maître, rédigé dans la foulée du premier opus de Lefranc ({La grande menace}) que l'auteur n'avait pu réaliser faute de temps.

Remontons dans le passé et attardons nous sur l’année 1952. A cette époque, le jeune Jacques Martin est déjà l’auteur des aventures d’Alix, il illustre également les Chroniques de l’automobilisme et les Chroniques de l’aviation pour le journal Tintin. Il vient de créer le reporter Guy Lefranc dont le premier épisode va immédiatement connaître un succès fracassant. En 1953, Martin rejoint les Studios Hergé afin d’aider le père de Tintin dans divers travaux. Il y dessinera notamment des chromos pour la collection Voir et savoir, travaillera sur l’aventure de Jo et Zette dans la vallée des cobras, ainsi que sur divers épisodes de Tintin. Il ne réalisera le second album officiel de Lefranc qu’en 1956 (L’ouragan de feu) ; il avait néanmoins rédigé un autre scénario, encré une planche et établi le crayonné de quelques planches d’un épisode qui devait faire suite à La grande menace. C’est cet épisode qui voit le jour en novembre 2006.

La mise en images a été confiée à André Taymans, dessinateur de Caroline Baldwin et repreneur de Sybilline, secondé aux décors par Erwin Drèze, adaptateur d’Arsène Lupin, Thierry Cayman(STAR) se réservant quelques autres décors. Charge à Michel Jacquemart de mettre en scène le synopsis laissé par Jacques Martin.

A l’époque, Hergé estimait que les auteurs publiés dans le journal Tintin devaient adopter un style graphique proche du sien par souci d’homogénéité. C’est ainsi que Vandersteen (Bob et Bobette) et Martin durent adapter leur style, il en résulte un dessin plus clair, plus aéré et rigoureux. Martin se libérera ultérieurement de l’emprise hergéenne pour proposer un graphisme plus rugueux, plus réaliste. Taymans a, lui, tenté de retrouver le style martinien de l’époque et a épuré son dessin au maximum. Il a visiblement été séduit par le challenge et nous offre un album d’excellente facture, respectueux de la tradition. Il n’hésite cependant pas à bousculer cette dernière en accordant une grande place au personnage de Kahina, une ravissante créature qui n’aurait certainement pas connu le même destin si l’épisode avait été créé en 1953 ! Erwin Drèze se révèle comme un talentueux décoriste, rendant à merveille les véhicules automobiles ou spatiaux avec précision.

Lefranc -T17 : Le maître de l'atome - par Martin, Taymans, Jacquemart, Dreze, Cayman - Casterman
(c) Martin, Taymans, Jacquemart, Drèze, Cayman, Casterman

Le scénario évoque avec merveille le climat trouble de la guerre froide, la peur de la menace atomique. Jacquemart parvient à nous passionner avec ce récit d’espionnage sur lequel flotte parfois l’esprit de Jacobs.

Cet album, qui est en quelque sorte un chaînon manquant, est un opus essentiel dans les aventures de Lefranc. Fort d’une reconstitution méticuleuse de la situation géopolitique du début des années 50, il offre un formidable récit d’aventure et d’espionnage. Félicitations à l’équipe constituée autour de Taymans pour le travail accompli, elle a prouvé qu’une reprise peut parfois égaler les albums originaux ; le défi était loin d’être gagné !

(par Erik Kempinaire)

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