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Leiji Matsumoto : mort d’une légende du manga

Par Oussama KARFA le 20 février 2023                      Lien  
Une insuffisance cardiaque a eu raison de lui, le 13 février 2023, alors qu'il avait 85 ans. Leiji Matsumoto avait su s'imposer dans le monde du manga, au point que son capitaine Harlock (plus connu sous le nom d'Albator) est devenu incontournable. Qui n'a même jamais aperçu un épisode de l'adaptation de ses mangas en dessins animés dans les années 1980... ou entendu son générique ?

Né en 1938, Leiji Matsumoto a débuté sa carrière au sein du magazine Manga Shônen. Il est à ses débuts plutôt spécialisé dans le shojo (24 histoires d’un temps lointain ou encore 25 histoires d’un monde en quatre dimensions). Son épouse, Miyako Maki, est d’ailleurs elle-même une créatrice majeure dans ce domaine.

Leiji Matsumoto : mort d'une légende du manga

« Ce n’est qu’en 1968, raconte Aurélien Pigeat sur ActuaBD, qu’on lui offre l’opportunité de passer au shonen, et en particulier de créer un manga de science-fiction : "Sexaroïd." Il rencontrera dès lors le succès et la reconnaissance quatre ans plus tard avec "Je suis un garçon", puis ce seront les immenses succès que nous connaissons tous comme "Albator" ou "Galaxy Express." ».

Capitaine Harlock, alias Albator, qu’il a fait naître en 1977 est, sans conteste, son personnage-phare. Son patronyme japonais avait été changé dans nos contrées pour celui d’Albator, en raison de sa trop grande proximité avec le comparse de Tintin, le capitaine Haddock. La même année, Matsumoto publiait le premier numéro de Galaxy Express 999 mettant en scène Tetsuro Hoshino, un petit garçon pauvre rêvant d’immortalité, un titre qui, lui aussi, fait un carton. Visiblement, 1977 était son année !

« Comme pour beaucoup de maîtres du manga, raconte Florian Rubis, toujours sur ActuaBD, la publication de sa production en français reste parcellaire. Néanmoins, un premier effort de cohérence – certaines fois négligé par Matsumoto entre ses histoires – a été entrepris par Kana au début des années 2000 en publiant "Capitaine Albator" ("Captain Harlock", cinq volumes), "Galaxie Express 999"(vingt et un volumes) et "L’Anneau des Nibelungen" (huit volumes). Le tout s’inscrit dans la mouvance de "Star Wars" et du regain procuré au Space Opera par le succès de la saga galactique dans les années 1970, notamment au Japon (voir "Les Évadés de l’espace" de Kinji Fukasaku et la série télévisée dérivée "San Ku Kaï"). »

Au Festival du film d’animation d’Annecy, en 2011, Leiji Matsumoto avait confié, à propos du protagoniste pour lequel on le connaît sans doute le mieux : « Albator est mon plus fidèle et plus ancien ami. Il est mon alter ego dans sa détermination ».

Car c’est bien l’anime qui le rend célèbre en France suite à la diffusion en France de Goldorak (UFO Robot Grendizer) d’après Gô Nagai et qui marque de façon durable la génération Récré A2 et les suivantes.

Le mangaka voit dès lors les récompenses pleuvoir. Déjà, au Japon, en 1972, il avait reçu le prix Kodansha. En 1978, il reçoit celui de l’Association des auteurs de bande dessinée japonais. Dans les années 2010, il a été récompensé à deux reprises par le gouvernement japonais et se voit décoré par l’ordre du Soleil Levant en 2010. Il est enfin reconnu par la France qui l’élève dans l’ordre des Arts et des Lettres en 2012 à l’occasion de ses 40 ans de carrière, ce qui le décide de venir à Angoulême l’année suivante.

« Quoi qu’il en soit, poursuit Florian Rubis, ses navires spatiaux surannés ou le mélange inhabituel de créatures féminines longilignes ensorcelantes et d’homuncules plus disgracieux participent d’un univers dont nos mémoires se souviennent. La caractérisation graphique ou psychologique qui se dégage de ses personnages, dont l’emblématique et misanthrope Harlock, s’accorde au mieux avec le goût de son auteur pour les contrastes radicaux entre les noirs et les blancs.
L’aspect "vintage" persiste aussi dans ses « partitions » plus musicales, qu’il se réapproprie Richard Wagner ou lorsque le duo Daft Punk l’utilise pour le film d’animation découpé en clips "Interstella 5555…" (2003), illustrant l’album "Discovery"
. »

Leiji Matsumoto avait déjà subi des problèmes de santé, par le passé. En 2019, alors qu’il célébrait les 40 ans d’Albator à Turin, en Italie, il avait été victime d’un malaise respiratoire, suite auquel il avait été hospitalisé deux jours. La mort le rattrape aujourd’hui.

(par Oussama KARFA)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782871296867

En médaillon : Photo Didier Pasamonik

✏️ Leiji Matsumoto Décès 2023
 
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