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Léon Pérahia : "Pour le cinéma, la bande dessinée est un creuset exceptionnel pour la recherche de concepts"

Par Laurent Boileau le 12 avril 2006                      Lien  
Léon Pérahia est en charge de la vente internationale des droits TV et cinéma des catalogues Dupuis, Dargaud, Lombard. À l'occasion du [Marché de l'Adaptation Littéraire->3578], il évoque les relations entre producteurs et éditeurs.

Quelle est la raison de votre présence à Monaco ?

Le but est de rencontrer des producteurs TV et cinéma pour leur présenter les histoires, les concepts, les univers, les personnages de nos différents catalogues qui sont susceptibles d’être adaptés. A ma connaissance c’est le seul endroit où l’on peut en trois jours rencontrer un nombre important de producteurs. C’est l’occasion d’échanger, de faire connaissance et même de montrer qu’on existe ! Mais surtout c’est l’occasion de rappeler que la bande dessinée est un creuset exceptionnel pour la recherche de concepts. Pendant le marché, j’ai vingt-trois rendez-vous en 2,5 jours. Ça me permet d’identifier les producteurs avec lesquels je suis susceptible de travailler dans l’avenir. Car bien évidemment ces discussions se poursuivent au-delà de Monaco...

Comment s’organise la collaboration avec les producteurs ?

Il faut donc que les producteurs aient conscience qu’ils n’achètent pas un story-board. Il est important de parler d’adaptation. La narration de la BD franco-belge est truffée d’ellipses que le cinéma doit combler. Il est donc nécessaire à chaque fois de créer un scénario original, de "s’écarter" pour en fait ne pas trahir !

Léon Pérahia : "Pour le cinéma, la bande dessinée est un creuset exceptionnel pour la recherche de concepts"
Les producteurs A. Bélanger et Anne Evrard en discussion avec L. Pérahia
© L. Boileau

Quels types de séries cherchez-vous à "vendre" ?

Comme nous sommes nous-même producteurs de dessins animés, ici nous cherchons surtout à rencontrer des producteurs de fictions, que ce soit pour le cinéma ou la TV. Et dans ce cas-là, il s’agit surtout de faire ressortir la qualité de l’histoire plus que le graphisme de l’univers. Ce sont donc les séries pour ados-adultes ou la famille qui rencontre le plus d’intérêt chez les producteurs. Pour citer quelques exemples, nous avons actuellement en production Largo Winch (réalisateur Jérome Salle) qui adaptera les quatre premiers albums de la série. XIII fera l’objet de 3x90 min (coproduction Cipango/M6). Et puis nous avons d’autres projets sur lesquels nous avons des options signées mais pas encore levées comme Rapaces, Le Tour de Valse...

Quel est le coût d’une option ?

Les options correspondent à 10% du montant de la levée d’option. Celui-ci est calculé en pourcentage du budget total du film (souvent 2 à 3 %), pondéré par la notoriété de l’univers. Nous ne souhaitons pas alourdir les coûts de développement d’un producteur. Etant nous même producteurs, nous savons que les ressources sont d’abord là pour développer et convaincre les partenaires financiers.

Pourquoi signer des options ?

Si on rentrait dans une logique d’option gratuite nous n’aurions plus d’univers "libre". Les options sont des sommes symboliques qui sont l’expression de la volonté du producteur à vouloir travailler sur le projet. C’est une manière de l’engager. Mais avant de signer une option, il faut que la vision du producteur sur le projet nous convainque. Par contre, notre spécificité est d’être partant pour être coproducteur (minoritaire ou pas). Mais c’est proposé, jamais imposé. Les producteurs européens sont très sensibles à cette proposition.

Est-il plus facile d’adapter des univers connus ou inconnus ?

Une série qui connaît un grand succès en librairie est un atout de "vente". C’est un indice de la qualité du concept, du contenu. Il y a 4-5 ans, le succès des albums de Cédric a été un élément déclencheur pour les décider les chaînes de TV pour l’adaptation en dessin animé. Pour le cinéma, cela joue beaucoup moins. Pour Le sursis, c’est la qualité de l’histoire qui va attirer les producteurs, pas son succès en librairie. Et puis, toutes les bandes dessinées ne sont pas adaptables en cinéma. Pour Gaston Lagaffe, c’est quasi impossible !

Quel est le timing classique d’une adaptation ?

Après la signature du contrat d’option, il faut compter au moins un an et demi pour l’écriture d’un synopsis, puis d’un scénario, qui sera soumis à l’auteur, amendé, puis présenté à des partenaires financiers... Une fois l’option levée, cela va plus vite. Mais au final, cela reste un travail de longue haleine.

(par Laurent Boileau)

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