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Les 4 Fantastiques : c’est le moment de vérifier ce qu’en disent les critiques

Par Romuald LEFEBVRE le 7 août 2015                      Lien  
Qui dit « Nouvelle adaptation d'une licence Marvel au cinéma » dit désormais « Nouvelle anthologie consacrée chez l'éditeur Panini Comics ». Les 4 Fantastiques bénéficiant cette semaine d'un nouveau départ au cinéma, ils font donc l'objet chez Panini d'un recueil présentant leurs aventures. Alors que les critiques de cinéma hurlent à la trahison, c'est le moment de vérifier...

Alors que le film de Josh Trank sort en salle cette semaine, occupant, du fait de sa programmation en plein été favorable aux comédies familiales, la première place du box office, il est accueilli par un tir de barrage de la critique, Thomas Sotinel du Monde titrant :"Voyage au "reboot" de l’ennui", Olivier Delcroix du Figaro concluant au "premier désastre industriel de Marvel".

Olivier Delcroix écrit : "Trank n’a rien compris à la philosophie de la série. Miles Teller en Reed Richards devient un geek boutonneux obsédé par l’envie d’ouvrir sa « Porte des étoiles ». Kate Mara en sage étudiante fille à papa n’a aucune bonne réplique à se mettre dans la bouche. Idem pour ce pauvre Michael B. Jordan qui ne s’est manifestement pas enflammé pour le rôle de la Torche Humaine.
Seul, Jamie Bell en Golem mélancolique dont on perçoit parfois la tristesse résignée derrière la force herculéenne, parvient à sortir son épingle du jeu.
De fait, en assombrissant l’univers des 4 Fantastiques pour le rendre plus réaliste et l’adapter au monde d’aujourd’hui, Trank en a oublié l’essentiel : cette candeur et cette poésie surnaturelle qui nimbait la série d’origine portée par les années 1960, sa foi dans la science, sans oublier le trait magique de Jack Kirby.
"

Le jugement est un peu sévère, même s’il est juste. Il faut dire que la plupart des critiques croient faire leur intéressant en flattant les geeks d’une façon un peu artificielle, au prix parfois d’une humiliation un peu dégueulasse des quatre jeunes acteurs incarnant les rôles-titre.

Les 4 Fantastiques : c'est le moment de vérifier ce qu'en disent les critiques
Les 4 Fastastiques débarquent sous la direction de Stan Lee et Jack Kirby en 1961.
© Marvel

Il est vrai que cette version s’écarte notoirement du canon originel en faisant notamment de La Torche un noir issu d’une famille recomposée. Une opération qui passe mal auprès des puristes rednecks. Il est vrai aussi que ce film, qui tente maladroitement de renouveler la ficelle usée de la contamination atomique, n’a pas l’honneur du traditionnel cameo de Stan Lee et qu’il n’est pas nécessaire -autant que vous le sachiez- d’attendre le trailer d’après générique : il n’y en a pas.

« Trahison ! » s’exclame la critique à l’unisson. Ça tombe bien, les bandes dessinées d’origine, désormais analysées avec la pusillanimité d’un talmudiste, ressortent opportunément en librairie grâce à Panini Comics. C’est le moment de vérifier quelle est cette "candeur" et cette "poésie surnaturelle" d’origine.

La série qui met Marvel sur orbite

Créés en 1961 par Stan Lee et Jack Kirby, les 4 Fantastiques constituent le premier groupe de super-héros de l’éditeur Marvel ; un groupe dont le succès immédiat a permis de lancer sur orbite cet éditeur sur le créneau éditorial des super-héros en général.

Comme le nom du groupe l’indique, il est composé de quatre personnages, ceux-ci ayant reçu des pouvoirs surhumains suite à une exposition non protégée à des rayons cosmiques pendant une exploration spatiale.

Le leader, Reed Richards (Mr. Fantastic), est un génie scientifique qui a obtenu la capacité d’étirer son corps de manière élastique. Sa fiancée (et future femme), Sue Storm (L’Invisible), a obtenu la capacité de se rendre invisible et par entraînement de projeter des champs de force. Le frère cadet de Sue, Johnny Storm (La Torche), a obtenu la possibilité d’enflammer son corps et, par entraînement, de voler dans les airs. Enfin, Ben Grimm (La Chose), pilote émérite, a vu sa morphologie profondément modifiée et il devenu une imposante masse rocheuse.

Fatalis n’a pas fini de tourmenter ou d’aider les 4 Fantastiques selon son bon vouloir.
© Marvel

L’anthologie revient évidemment sur l’acte fondateur du groupe en présentant le premier épisode consacré à leurs aventures. Un épisode, daté donc de 1961, qui n’a pas perdu de son intérêt au fil des décennies car il parvient à raconter la genèse des 4 Fantastiques tout en menant une intrigue face à un premier super-vilain.

En parlant de super-vilain, l’anthologie ne pouvait pas faire l’économie, comme dans le film, de revenir sur le plus célèbre et apprécié des ennemis du groupe... Le Dr. Fatalis ! Bonne pioche de l’éditeur et pour les fans, l’album présente l’épisode de 1964 où Lee et Kirby présentent la genèse derrière le masque du tyran de l’État balkanique imaginaire de Latvérie. Un épisode incontournable aux qualités encore très bien senties !

La dernière collaboration présentée entre Lee et Kirby date de 1968 et nous propose de découvrir le contexte derrière la naissance de Franklin Richards, le fils de Sue et Reed. Un épisode important certes parce qu’il introduit un personnage appelé à marquer profondément la série, mais un épisode on ne peut plus appréciable en soi car les planches magnifiques de Kirby donnent un élan décisif aux aventures cosmiques du groupe. Difficile de ne pas percevoir les raisons derrière le succès public de cette série à l’époque avec de tels épisodes signés de ce prolifique duo.

Lors de la poursuite du recueil, nous retiendrons particulièrement le travail à l’écriture et au dessin de John Byrne aux débuts des années 1980 ; lui qui connaissait parallèlement un succès sans pareil aux côtés de Chris Claremont sur la série Uncanny X-Men à l’époque.

John Byrne ajoute des lettres de noblesse au personnage de Sue Storm, qui demeure un personnage féminin de référence dans l’univers Marvel.
© Marvel

En plus d’apporter son très joli trait aux aventures des 4 Fantastiques, Byrne explore des pistes scénaristiques très intéressantes, comme la valorisation de Sue en tant que femme (a contrario des années 1960 où Lee la dépeignait comme l’adjuvante aimante de son mari uniquement) ou bien encore la confrontation du groupe avec la conséquence de leurs actes sur le plan cosmique (on ressent ici l’influence de La Saga du Phénix noir de Uncanny X-Men, Reed Richards étant jugé par les Shi’ars comme le fut précédemment Jean Grey).

La fin du recueil nous laissera sur des sentiments plus mitigés, on l’on retiendra principalement une aventure de 2002 où le scénariste Mark Waid ne manque pas de souligner avec délicatesse le caractère familial et aventurier de ce groupe pas comme les autres, ou bien encore une aventure fondamentale de 2011 où Jonathan Hickman modifie profondément et pour quelques années le statut quo qui définit la série.

À l’instar d’autres anthologies de la collection, nous pourrons regretter le contraste saisissant entre la sélection des histoires avant les années 1980 et après. Jusqu’aux années 1980, le compte y est pour les enjeux patrimoniaux et qualitatifx. Après ces années-là, on se retrouve avec des manques criants ou des histoires à l’intérêt moindre... Est-ce là une conséquence des crossover de l’éditeur Marvel, des histoires conséquentes recoupant différentes séries qui empêcheraient la tenue d’une anthologie crédible sur ces années ?

Toujours est-il que des absences criantes sont à soulever pour les fans... Pas d’épisode lié à l’arrivée de Galactus et du Surfer d’argent, pas d’aventure liée aux Inhumains, pas d’évocation de la rupture entre Sue et Reed lors de Civil War sur la question de l’aide ou non à apporter aux super-héros non-enregistrés, pas de mise en avant du lien particulier qui unit Valéria (la fille cadette de Sue et Reed) avec Fatalis, pas de trace du passage de Mark Millar et Bryan Hitch sur la série ou pour la version Ultimate, une évocation lointaine de la Fondation du Futur... L’histoire des 4 Fantastiques est très riche et elle aurait pu nourrir de manière plus décisive cette anthologie. [1]

Jonathan Hickman a réservé en 2011 une surprise de taille autour de Johnny...
© Marvel

Quoi qu’il en soit, Nous sommes les 4 Fantastiques est une lecture de choix pour les nouveaux lecteurs qui souhaiteraient découvrir plus en détail la carrière de ces quatre personnages hauts en couleur ; ils seront accompagnés dans cette démarche par de nombreux articles qui expliquent l’évolution de la série et de ses auteurs au fil des décennies. Les aficionados trouveront leur compte pour ce qui est du patrimonial mais en ce qui concerne le récent... C’est à leur tour de faire la fine bouche.

Qu’ils rongent leur frein en attendant Secret Wars, Jonathan Hickman leur réserve une belle surprise ! [2]

(par Romuald LEFEBVRE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Nous sommes les 4 Fantastiques – Collectif – Panini Comics

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[1Allez, une petite sucrerie à lire pour la route si ce n’est pas déjà fait : Fantastic Four Vs. X-Men, mini-série de quatre épisodes scénarisée par Chris Claremont en 1987.

[2L’éditeur Marvel non, parce qu’il n’a pas encore annoncé de série Fantastic Four pour la vague « All-New All-Different Marvel ». La Chose étant envoyé grossir les rangs des Gardiens de la Galaxie de Brian Michael Bendis et la Torche lui rejoint les Uncanny Inhumans.

 
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5 Messages :
  • Les critiques qui hurlent à la trahison ne font qu’étaler leur incompétence. Ce reboot ne se base pas sur la série classique mais sur la ligne "Ultimate", plus sombre et adulte.

    Donc oui, Reed semble plus immature mais c’est normal puisqu’il est au début de sa carrière.

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    • Répondu le 7 août 2015 à  22:25 :

      Mais quand le réalisateur lui-même déplore le résultat final peut-être -allez savoir- que les critiques sont plus compétents que vous ne voulez le reconnaitre
      http://www.thedailybeast.com/articl...

      Répondre à ce message

      • Répondu par mmarvinbear le 8 août 2015 à  02:27 :

        Sauf que dans leurs critiques, les articles jugent plus l’irrespect de la continuité Marvel classique que de la valeur du film.

        Répondre à ce message

        • Répondu le 8 août 2015 à  22:19 :

          De quels articles parlez-vous ? J’ai lu le Monde, Libé, le New York Times, le Washington Post, et d’autres qui ne vous diront rien. Tous parlent de la grande médiocrité du film- et ne s’attardent en rien sur la continuité. Soyez aimable de nous faire partager une liste sommaire des articles s’attachant à critiquer la continuité. Car écrire leurs critiques et les articles c’est plus que flou.

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          • Répondu par MD le 12 août 2015 à  19:35 :

            Vu le film ce jour, dans une salle presque vide.... La première partie est bien, la seconde un peu moins. Ce n’est quand même pas un navet, mais il est loin de susciter l’enthousiasme. Ah, une pétition circule sur le net pour que Fox rende les droits à Marvel !!

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