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Les 70 ans de Lucky Luke : vie, mort et autres résurrections.

Par Charles-Louis Detournay le 11 mai 2016                      Lien  
C'est en annonçant qu'il tue Lucky Luke dans son hommage à Morris que Matthieu Bonhomme secoue ces derniers jours le petit monde de la bande dessinée franco-belge. Dargaud et Lucky Comics ne relâchent pas la pression et continuent à honorer le grand Morris avec un album mythique de ses premières années.

L’album marquant de ce début d’année anniversaire des 70 ans de Lucky Luke est certainement l’album hommage que Matthieu Bonhomme vient d’adresser à l’un de ses mentors de papiers : Morris. L’auteur d’Esteban, du Marquis d’Anaon, de L’Âge de raison, de Texas Cowboys ou de Messire Guillaume nous propose un récit envoûtant, qui passionne dès son introduction.

Par une nuit orageuse, Lucky Luke arrive dans la bourgade boueuse de Froggy Town. Comme dans nombreuses villes de l’Ouest, une poignée d’hommes y poursuivent le rêve de trouver de l’or. Luke souhaite juste y faire une halte rapide. Mais il ne peut refuser l’aide qui lui est demandée : retrouver l’or dérobé aux pauvres mineurs du coin la semaine précédente. Avec l’aide de Doc Wednesday, Luke mène une enquête dangereuse, confronté à une fratrie impitoyable qui fait sa loi dans la ville, les Bone…

Les 70 ans de Lucky Luke : vie, mort et autres résurrections.

Nous avons déjà détaillé les jalons que Matthieu Bonhomme avait posé pour construire son récit. Ceux-ci sont très nombreux, et forment d’ailleurs le réel intérêt scénaristique de la série, car l’intrigue en elle-même ne laisse pas une empreinte marquante. L’intérêt est ailleurs dans ce récit de Lucky Luke : Bonhomme propose une relecture de la carrière de Lucky Luke qui se résume, comme on sait à son statut de cowboy taciturne, voire parfois sombre, craint par les as de la gâchette moins rapides que lui, et dont la fumée de cigarette part en volutes le temps qu’il terrasse ses adversaires ; et de l’autre, un héros qui défend la veuve, l’indien et l’orphelin, un brin d’herbe à la bouche.

Bonhomme met donc en scène un cowboy précédé par sa réputation. Dans la droite ligne des canons du genre tels qu’ils ont été développés dans la littérature et au cinéma, l’auteur joue sur les quelques clichés dont Goscinny truffait ses propres scénarios. Mais ce récit s’inscrit plus dans la lignée des premiers Lucky Luke réalisés avant l’arrivée du scénariste prolifique. Morris avait une vision plus dure, voire plus sombre de son héros. Par sa couverture et son titre, L’Homme qui tua Lucky Luke se rapproche plus de ces ambiances parfois plus pesantes des débuts, tels la poursuite contre Pat Poker ou le duel contre Phil Defer.

En fin connaisseur du médium bande dessinée, Bonhomme a su habilement varier les ambiances pour livrer un récit qui se lit d’une traite. Après un début lugubre, l’alternance de moments intimes et de partage, ou de séquences non dénuées d’humour donne une belle cohérence au récit, permettant à toutes ces allusions et références de prendre le pas sur une intrigue un peu moins convaincante. Le lecteur ne s’y trompe pas, notamment dans une superbe séquence finale qui fait la part belle à la psychologie de l’homme qui tire plus que son ombre.

Matthieu Bonhomme
Photo : CL Detournay

Si Lucky Luke et sa personnalité sont au centre de l’album, Matthieu Bonhomme n’a pas pour autant oublié Jolly Jumper et en a profité pour glisser quelques feintes qui déminent habilement la tension de certaines séquences tout en renforçant l’intérêt de la lecture, comme il nous l’explique : « Particularités étonnantes de la série de Lucky Luke : elle a mis du temps à se trouver, et elle possède de nombreuses époques. Ce qui n’empêche pas que le personnage de Lucky soit resté à mes yeux le même depuis le début. Je ne vais pas détailler tous les époques, scénaristiques ainsi que graphiques de Morris. Il y a effectivement ce tournant où Jolly Jumper se met à parler. Mais il ne s’adresse pas spécialement à Lucky Luke : il fait des réflexions au lecteur, à lui-même ou aux autres chevaux. »

« Par rapport à mon propre récit, mon dessin plus réaliste m’a empêché de placer un phylactère au-dessus de la tête de Jolly Jumper, explique l’auteur. En revanche, même dans un registre réaliste, un cowboy et son cavalier se comprennent. Je voulais souligner cette connivence, par un pseudo-monologue de Lucky Luke qui pense réagir aux réactions de son cheval. J’ai également voulu montrer aux lecteurs que je n’avais pas oublié l’importance de Jolly Jumper : dans une scène, un personnage lui crache sur le sabot, et Jolly lui répond à la manière du Capitaine Haddock ! »

Un dessin polymorphe

L’autre grande surprise du récit réside dans le type de graphisme choisi par Matthieu Bonhomme pour cet hommage. Loin de se plier aux canons morrissiens, il se content de "faire du Bonhomme", tout simplement ! Le personnage de Lucky Luke est suffisamment proche de sa référence pour qu’on puisse rapidement le retrouver. Avec un visage lisse car, comme nous explique le dessinateur : « Avec le temps, je me méfie de plus en plus de tous ces plis que je peux mettre sur un visage : dès que je veux accentuer un effet complémentaire comme de la fatigue, cela alourdit le rendu final. ».

Plus étonnant encore est l’alternance entre des plans qui rappellent tout l’art de Morris (silhouette qui se découpe sur la montagne, plans rapprochés sur un fond uni, etc.) et ceux qui tranchent avec cette base graphique, telles que de larges plongées ou contre-plongées, plus modernes. Ce ressenti d’hétérogénéité est sans doute renforcé par le rapprochement du contenu de l’album avec le « premier » Lucky Luke, dans sa personnalité et son style.

Heureusement, le fabuleux travail à la couleur vient atténuer ce mélange de techniques. Le travail des teintes confère une exceptionnelle lisibilité, à un tel point qu’après soixante-quatre pages, on a envie de prolonger l’aventure ! Matthieu Bonhomme donne de l’importance de son héroïne car, dit-il, "tous les grands westerns possèdent leur grand rôle féminin au caractère fort", un contraste bienvenu au milieu d’un monde d’hommes.

« Je me suis amusé sur la codification de couleurs liée au premier rôle féminin, explique Matthieu Bonhomme. Dès qu’elle entre en scène, le rose envahit la case. À sa première arrivée, la diligence est mauve ; elle est toujours habillée de rose ou de violet ; le bureau du shériff devient rose à son entrée, etc. Je désirais que ce personnage irradie. Je joue donc sur le graphisme et les codes mis en place par Morris pour souligner sa présence. »

Au final, si L’Homme qui tua Lucky Luke ne marque pas pour son exceptionnelle intrigue, la maîtrise des codes de la série par Matthieu Bonhomme et sa volonté de répondre à quelques questions laissées en suspens en dépit de la longue carrière du héros (son aspect solitaire, la fin de la cigarette... ) en font un excellent récit qui comblera autant les fans de Lucky Luke que les amateurs exigeants du neuvième art.

Phil Defer : le retour aux sources

Phil Defer, par Morris
(c) Morris / Lucky Comics

La série Lucky Luke a connu plusieurs périodes, ainsi que le rappelait Matthieu Bonhomme. Les amateurs d’humour devront patienter jusqu’à la rentrée pour découvrir le second hommage de cette année anniversaire, avec une version plus déjantée du mythique cowboy servie par Guillaume Bouzard et le mois de novembre pour découvrir la suite de la série régulière animée par Achdé, sur un scénario de Jul  !

Mais en attendant, ceux qui ont accroché à ce regard en arrière proposé par Bonhomme pourront revenir sur le magnifique fac-similé de Lucky Luke contre Phil Defer qui est sorti en début d’année. Cette édition limitée à trois mille exemplaires propose de retrouver le cow-boy dans l’une des plus célèbres premières aventures. Références cinématographiques (Jack Palance au casting !), de l’humour, un affrontement tout en tensions et surtout une finale digne du Far-west.

Cette édition en très grand format et au dos toilé se signale surtout par sa performance : c’est la première fois qu’un ouvrage réunit des planches originales formant une aventure complète ! Si celles-ci ne sont pas exemptes de quelques taches ou de traces de papier adhésif (qui font également leur charme), on reste surtout admiratif de la minutie du travail de Morris, ses repentirs à la gouache blanche, ses annotations en bleu, ses indications de couleurs, notamment concernant les ambiances dans les moments de confrontation : incontournable pour les vrais amateurs des premières années, et à lire en parallèle de L’Art de Morris.

Une planche magnifique de Phil Defer

Enfin, un petit dossier signé par Stéphane Beaujean & Vladimir Lecointre complète l’ouvrage en proposant des articles traitant de la censure (un exemple marquant grâce à une bande au texte non censuré), la caricature, l’influence des Comics, sans oublier cette mythique couverture. Ce dossier court mais passionnant est illustré de quelques agrandissements de case qui prouvent que, comme souvent chez les très grands dessinateurs, le dessin de Morris peut être très agrandi à l’envi sans jamais rien perdre de sa force !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Sur le même sujet, lire :
- 2016, année Lucky Luke
- Une interview de Matthieu Bonhomme : Matthieu Bonhomme : « Lucky Luke est ma référence fondatrice, la série qui m’a guidé vers le western. »

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Quelques rappels et liens utiles concernant cet anniversaire :

  • Exposition L’Art de Morris
    présentée du 28 janvier au 18 septembre 2016
    Musée de la bande dessinée
    quai de la Charente - Angoulême

Matthieu Bonhomme sur ActuaBD, c’est également :
- Un long article introductif de son œuvre et de ses débuts : Sacré Bonhomme !
- Les chroniques des tomes d’Esteban : tomes 1, 2, 3, 4 et 5, mais également son passage chez Dupuis après l’arrêt de Capsule Cosmique malgré une présentation remarquée au festival d’Angoulême 2006
- Les chroniques du Marquis d’Anaon : tomes 3, 4 et 5
- Messire Guillaume et l’interview accordée par Bonhomme & de Bonneval : "Le bestiaire fantastique de ’Messire Guillaume’ est fidèle aux croyances du Moyen-âge"
- Texas Comboy dans "Trondheim, on aime !", ainsi que Omni-visibilis
Ainsi qu’une précédente interview : "Je veux m’échapper de mon quotidien en dessinant. "

 
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14 Messages :
  • Quel gigantesque talent ce Morris !

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  • "un cowboy et son cavalier"... dans un tel cas faire parler la monture ne me semble pourtant pas si peu réaliste ;o)

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  • « Je me suis amusé sur la codification de couleurs liée au premier rôle féminin, explique Matthieu Bonhomme. Dès qu’elle entre en scène, le rose envahit la case. À sa première arrivée, la diligence est mauve ; elle est toujours habillée de rose ou de violet ; le bureau du shériff devient rose à son entrée, etc. Je désirais que ce personnage irradie. Je joue donc sur le graphisme et les codes mis en place par Morris pour souligner sa présence. »

    Quelle couleurs pour illustrer le sexe féminin ? comme par hasard, le rose, le mauve, le violet. Le rose envahissant un monde masculin. Comme un parfum qui se répand. Comme la Castafiore qui occupe tout l’espace avec ses vocalises. La femme qui vient perturber le territoire masculin bien protégé, immuable, machiste. C’est amusant comme idée, mais on nage dans le stéréotype quand même car l’exacerbation du cliché ne confirme que le cliché. Il n’est contrarié par aucune conclusion qui montrait une contamination de l’un vers l’autre ou autre chose. Elle est rose et reste rose et lorsqu’elle n’est plus là, le rose a disparu et n’a pas laissé de trace, rien modifié. Qu’est-ce que ça dit de Lucky Luke ? Que c’est un univers exclusivement pour les petits garçons. C’est du même niveau que la publicité qui vend toujours la même image de la société. Cette idée du rose est simplement conservatrice alors qu’elle aurait pu, en évoluant, raconter autre chose.

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    • Répondu par Robur le 12 mai 2016 à  09:03 :

      Rholala ! Mais quel pisse-froid vous faites !

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    • Répondu par kyle william le 12 mai 2016 à  10:29 :

      Non ce n’est pas être un pisse-froid que de déplorer le retour réactionnaire aux normes colorées bleu/rose pour les sexes (à dessein, je n’emploie pas le mot "genre"). Il suffit d’aller dans un magasin de jouets à Noël pour être effaré par la sottise des fabricants de jouet. Non, tous les petits garçons ne rêvent pas de conduire des tractopelles et des tanks et toutes les petites filles ne veulent pas être des princesses…
      Que Lucky Luke et les westerns en général soient un univers de petits garçons n’est pas une découverte. On pourrait néanmoins attendre d’un auteur de la nouvelle génération qu’il s’amuse à dépasser un peu les clichés. Mais, là comme dans son dessin, Bonhomme n’outrepasse pas les limites de son (pourtant grand) talent : il reste sagement néo-classique.

      Pourtant, Morris et Goscinny, s’ils décrivent dans Lucky Luke un univers essentiellement masculin, n’ignorent rien du cinéma américain et lorsqu’ils créent le personnage de Laura Legs, justement repris par Bonhomme, ils ne peuvent pas ne pas se souvenir d’avoir vu Angie Dickinson dans Rio Bravo. Et dans le film, ce personnage n’a pas besoin de filtre rose pour irradier les séquences et les autres acteurs de sa forte personnalité…

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      • Répondu le 12 mai 2016 à  19:50 :

        Ca s’appelle des codes couleurs, c’est ça qu’utilise Mathieu Bonhomme. Vouloir le faire passer pour un horrible réactionnaire misogyne est dégueulasse, surtout quand on connait le Bonhomme.

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      • Répondu le 12 mai 2016 à  23:32 :

        En parlant d’un "retour réactionnaire aux normes colorées bleu/rose" souhaitez-vous revenir au Moyen-Âge ?

        Le code couleur bleu = garçon et rose = fille remonte à l’Antiquité grecque, où les parents préféraient avoir un garçon plutôt qu’une fille. Car les garçons travaillaient et participaient aux revenus de la famille. A l’inverse, avoir une fille était pénalisant : outre de ne pas disposer de la même force physique, requise notamment pour le travail des champs, les filles coûtaient cher. Il fallait économiser pour lui fournir une dot lors de son mariage. En conséquence, avoir un garçon était considéré comme béni des Dieux. Aussi lui associait-on la couleur bleue, couleur du ciel, résidence des Dieux.

        En Europe, c’est au Moyen-Âge qu’apparaissent les premiers trousseaux spécifiques pour les bébés. Et là, surprise ! Le bleu, couleur divine de la Vierge Marie, est associé aux filles tandis que le rose, qui n’est qu’un rouge pâle, est dévolu aux garçons. Le rouge est alors associé à la force, voire à la violence : c’est donc une couleur virile, et il en est de même pour le rose. Il n’y a qu’à voir la couleur rose des bas de chausse des chevaliers médiévaux... De nos jours, les rugbymen du Stade Français perpétuent ce code couleur médiéval. Et les amateurs de BD se souviendront du ruban rose que porte Milou dans "L’étoile mystérieuse" (à moins que le chien de Tintin soit en fait... une chienne ?!).

        Au XVIIIe siècle, la tradition antique fait son retour en Occident. A l’apogée des Lumières, la Grèce et son modèle de démocratie constituent pour les penseurs de l’époque une référence absolue. Et madame de Pompadour impose à nouveau le rose comme couleur féminine (et donc le bleu comme couleur masculine).

        Bref, Matthieu Bonhomme ne fait que se référer à une tradition vieille de plusieurs millénaires, et à jouer avec des codes couleurs compris et assimilés par tous, qu’on le veuille ou non. Le lui reprocher, c’est vraiment créer une polémique pour le plaisir.

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        • Répondu le 13 mai 2016 à  08:25 :

          "Bref, Matthieu Bonhomme ne fait que se référer à une tradition vieille de plusieurs millénaires,"

          Le rose pour les filles et le bleu pour les garçons est une tradition qui date du milieu du 19ème siècle inventée par un marchand de tissus qui pour vendre plus à eu cette idée marketing. Et depuis, c’est un stéréotype. D’où sortez-vous cette tradition grecque ancienne ? Jamais entendu parler. 9a m’intéresserait de connaître vos sources. Quand je regarde des siècles de costumes, les hommes portaient aussi du rose. Dans d’autres pays que la France, le rose n’est pas aussi connoté ou l’est différemment. Pourquoi plus du rose qu’une autre couleur pour les filles ? C’est arbitraire.
          Ce que fait apparaître ce rose utilisé par Matthieu Bonhomme, c’est plutôt que l’univers de Lucky Luke est masculin et destiné aux petits garçons, pas que Matthieu Bonhomme est macho ou misogyne. Il a joué avec un code stéréotypé pour mieux être compris mais n’a pas pensé à le contrarier pour le détourner de sa stéréotypie. C’est ce qui me semble dommage mais ça colle au récit et à l’univers. la jolie femme n’est qu’une potiche qui embaume mais sans conséquence. Un objet. Peut-être que justement, en ne se mélangeant pas, le rose dénonce la femme comme objet. Mais la justification me semble un peu trop intellectuelle et légère. La plupart des lecteurs de Lucky Luke ne se poseront pas la question. Dommage.
          Ensuite, son principe de mise en couleur inspiré par le travail des coloristes pour les albums de Morris et poussé à son maximum est admirable. Vous saisissez les nuances de ma pensée ou vous préférez continuer de jouer les réducteurs en restant bien binaire ?

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          • Répondu le 13 mai 2016 à  11:10 :

            Oui oui, je saisis vos nuances, même si je suis bien moins intelligent que vous.

            Comme vous le soulignez, nous parlons d’un stéréotype, avec lequel Matthieu Bonhomme a eu envie de jouer. Comme il joue dans son "Lucky Luke" avec tous les stéréotypes du western. C’est un choix d’auteur, qui consiste à faire des clins d’oeil à ses lecteurs.

            Alors certes, il aurait pu chercher un effet comique en inversant ce stéréotype : coloriser Lucky Luke en rose et la jeune femme en bleu. Mais la connotation religieuse (le bleu étant la couleur de la Vierge Marie) aurait été hors-sujet.

            Ou alors il aurait pu ne pas jouer du tout de ces codes couleur, et n’utiliser que des couleurs neutres. Mais encore une fois, son choix d’auteur (de coloriste) a été de jouer avec les stéréotypes. Je suis sûr qu’il ignorait alors le talent des intervenants des forums d’actuabd pour créer des polémiques à propos de tout et n’importe quoi. Gageons que, la prochaine fois, il y réfléchira à deux fois !

            Et on n’ose imaginer le déchaînement qui se serait produit ici s’il avait dessiné dans son album un domestique noir, un blanchisseur chinois ou un Mexicain endormi !

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            • Répondu le 13 mai 2016 à  15:25 :

              Pardon mais c’est un petit peu de la mauvaise foi. Et un faux procès, car personne n’a traité Mathieu Bonhomme de misogyne ni de réactionnaire. J’ai dit "néo-classique", ce n’est pas une injure, et c’est même pour ça que j’apprécie cet auteur. Quant aux stéréotypes raciaux sur les chinois et les mexicains, Morris et Goscinny étaient les premiers à les utiliser pour s’en amuser, ce qui à l’époque de la série télé Hanna Barbera avait provoqué une auto-censure destinée à ne pas choquer la télé américaine.
              Par contre, que je sache l’admirable travail de Morris sur la couleur ne l’a jamais conduit à utiliser des codes couleurs tels que le bleu pour les garçons ou le rose pour les filles. En l’occurrence, environner le personnage de Laura Legs de rose est une idée de Mathieu Bonhomme, et c’est bien son droit, mais ça n’a pas grand chose à voir pour le coup avec la technique en couleurs benday de Morris à sa grande époque.
              De fait, je trouverai le procédé un peu béta s’il faisait de Laura Legs une poupée barbie écervevelée, mais ce n’est pas le cas du tout. Comme dans l’album le Grand Duc, il la dote d’une vraie personnalité, celle d’une femme de l’ouest, indépendante, romantique mais aussi capable de se tromper et d’épouser la mauvaise personne pour sortir de sa condition de fille de saloon. Ce qu’elle dit de Luke, l’affection qu’elle montre pour lui est touchante et montre aussi la tendresse qu’a Mathieu Bonhomme pour le personnage (et comme je le comprends), mais il faut avouer qu’en quelques lignes, Goscinny en faisait un personnage plus complexe que Mathieu Bonhomme dans tout l’album, notamment quand il lui faisaitt dire "je ne suis plus une jeune fille, il y a longtemps que je roule ma bosse dans l’ouest"…
              Pour trouver d’autres incarnation de ce type de personnage féminin dans le western, revoir donc Angie Dickinson dans Rio Bravo, et dans la BD, évidemment, la Chihuahua Pearl de Blueberry, notamment dans l’album Arizona Love, écrit par Giraud seul, qui la montre sans cesse tiraillée entre ses sentiments et son matérialisme obligé, son besoin permanent de garantir sa propre sécurité… eh oui, pas facile d’être une femme dans l’ouest, tout n’était pas "rose".

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    • Répondu par Geraud le 12 mai 2016 à  11:17 :

      Salut,

      Elle est rose et reste rose et lorsqu’elle n’est plus là, le rose a disparu

      Non : la seconde planche présentée dans l’article (la planche 33 de l’album) est à dominante rose ; même Lucky Luke est entièrement rose (dernière bande de la planche)...

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      • Répondu le 13 mai 2016 à  08:26 :

        Dans l’album, le rose de la planche que vous citez est rouge…

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        • Répondu par Mister XY, jeune homme ambitieux ! le 17 mai 2016 à  14:52 :

          Bon, il n’y a rien de plus intéressant à discuter que de cette couleur rose ? Cela me semble réducteur par rapport à l’ensemble de l’album !

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          • Répondu par Astringeant le 17 mai 2016 à  16:12 :

            Bah non, ou alors parler de l’opportunisme d’utiliser un personnage connu pour faire parler de son travail.

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