Il y a les figures de la collaboration : les Pétain, les Laval, que l’on jugera avec éclat, devant les caméras du monde entier. Il y a aussi la masse des sans grades : les premières heures de la Libération, on arrête, on fusille, on pend... souvent sommairement. Et puis il y a les autres qui, dans l’ombre, détiennent les secrets de l’état. Ceux-là sauveront leur peau et deviendront peut-être ministre...
Le Conseil National de la résistance, composé de Gaullistes, de Communistes et d’autres forces politiques françaises est certes préoccupée par l’exercice de la justice, par la nécessité de poursuivre les collaborateurs de l’occupant et de leur faire payer leurs crimes, mais aussi de remettre la nation en marche, de façon autonome et indépendante, histoire que le pays ne devienne pas un protectorat américain ou anglais. La lutte est sourde, violente. Les filières d’exfiltration des nazis et de leur complices par l’Italie, l’Espagne et l’Amérique du Sud travaillent à plein régime...
Mais certains de ces responsables n’ont pas fui. Ils se planquent encore sur le sol français, attendant que l’orage passe. Ils ne sont d’ailleurs pas totalement compromis. Certains d’entre eux, par patriotisme parfois, mais souvent par calcul, ont aidé des résistants, des juifs, d’autres encore à échapper aux nazis.
L’un d’entre eux détient des "fiches" de renseignements accumulés par la police de Vichy. Tous les recherchent, ces fameuses fiches, car elles sont un instrument de pouvoir, aussi bien contre les Gaullistes, que pour les Communistes, très importants et très actifs à cette époque, parmi lesquels figurent un bon nombre de "résistants de la dernière heure".
L’intrigue se noue, entre chiens et loups politiques, avec d’autant plus de clarté que Stéphane Douay (Cavales, Neige et roc, Commandant Achab...) caractérise parfaitement les personnages dans une mise en page nette et fluide. Aidé par deux "kadors" du scénario, il construit là une série qui s’annonce passionnante, en rouge, en noir,... mais surtout en gris.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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