Au centre de l’action, un homme, une crapule : Aimé Bacchelli, ancien conseiller de Marcel Déat dans le gouvernement Laval sous le régime de Vichy ayant la haute main sur les services secrets, ce qui lui permet à la Libération, grâce à ses « fiches » de faire chanter le tout-Paris de la politique jusque et y compris dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Mais son règne s’achève, même s’il tutoie encore les conseillers officiels du Président Pompidou, Marie-France Garaud et Pierre Juillet et s’il est financièrement soutenu par le banquier Montalembert. Toute ressemblance ne semble pas fortuite dans un album où l’on assiste aux événements de Mai 68 jusqu’à l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, du côté des officines occultes qui gravitent autour du pouvoir.
Extrêmement documenté, cet album fait comprendre au quotidien les rapports de force dans des cercles politiques de l’après-guerre où l’on voit poindre bientôt les truffes de Jacques Foccart et de Charles Pasqua.
Nous ne sommes pas vraiment fans du dessin de Stéphane Douay aux caricatures par trop stéréotypées, mais il faut admettre qu’il est lisible et efficace offrant à cette bonne série en quatre tomes un dessin qui restitue bien l’ambiance d’une époque où le journalisme d’investigation avait encore le haut du pavé (quelquefois balancé sur les flics), et ceci, parfois au péril de sa vie. Sur ce point, les choses ont bien changé.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.