D’abord parce que le patron de cette maison qui a fêté ses dix ans n’est pas n’importe qui : Laurent Beccaria est le fils d’Yves et Mijo Beccaria, les timoniers de Bayard Presse qui ont fait de cette maison d’édition centenaire le plus prestigieux label de la presse éducative pour la jeunesse. Son oncle, Claude Sales, est l’ancien PDG de Télérama. Sacrée lignée ! Mais il est surtout connu pour son courage éditorial, pour avoir claqué la porte du groupe Lagardère qui tenta de censurer l’un des livres qu’il voulait publier. Cette mésaventure le décide à créer son propre label : Les Arènes.
Il devient l’éditeur à succès d’Eva Joly, de Denis Robert, de L’Appel de Genève, ou de Valérie Trierweiler, oui, l’auteure du fameux Merci pour ce moment ! Sacré carton !
Mais Beccaria n’est pas un vulgaire éditeur de best-sellers préoccupé par le tiroir-caisse. C’est un expérimentateur. Avec le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, il a lancé la revue XXI qui s’ouvre à la BD-reportage. A son palmarès le gratin des auteurs de BD du genre parmi lesquels les chevronnés Jean-Philippe Stassen, Emmanuel Guibert, Jacques Ferrandez, Joël Alessandra ou Jean Harambat... Ils partent sur le terrain comma jadis les peintres allaient sur le motif et sont accompagnés des meilleurs journalistes qui soient. Le concept est un succès : alors que la presse dans son ensemble décline, la revue XXI est un tel succès que d’autres initiatives du même genre, comme La Revue Dessinée, voient le jour.
Voici quelques mois, Laurent Muller, ancien directeur éditorial aux éditions Glénat et cofondateur des défuntes éditions 12bis, a rejoint l’équipe de Laurent Beccaria et de Jean-Baptiste Bourrat. C’est à lui que l’on doit cette nouvelle collection.
Parmi les premières nouveautés, début octobre :
— « Super Sourde », une BD jeunesse de l’Américaine Cece Bell, lauréate du Prix du meilleur album jeunesse aux États-Unis en 2014, racontant les aventures d’une jeune sourde qui développe des super-pouvoirs pour transcender son handicap.
— « Le Cas Alan Turing », une biographie, création d’Armand Delalande & Éric Liberge qui revient sur l’histoire du génial pionnier de l’informatique qui réussit à casser le code Enigma cryptant les messages de l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant les Alliés dans le camp des vainqueurs. Malheureusement, en raison des lois anglaises réprimant l’homosexualité, ce génie fut acculé au suicide.
— Autre approche originale : « L’Empire » dont le projet est de retracer l’histoire politique du christianisme à travers les âges, par Olivier Bobineau & Pascal Magnat, une série dont le premier tome, La Genèse, doit paraître le 21 octobre prochain.
Mais le clou du catalogue reste à venir. Coutumier de ce genre de coup éditorial (il avait été l’éditeur chez Glénat de La Face kärchée de Sarkozy), Laurent Muller s’apprête à publier La Présidente, un BD de politique-fiction, dessinée par Farid Boudjellal et scénarisée par François Durpaire qui imaginent Marine Le Pen est élue première présidente de la République aux élections de 2017 !
La stupeur saisit tout le monde politique. Se met alors en place une machine redoutable, avec de nouveaux équilibres de force : elle tourne le dos à l’Union Européenne, sort de l’Otan, négocie en secret avec les États-Unis et l’Allemagne, multiplie les référendums, ferme les organes de presse indépendants, expulse massivement les clandestins, rétablit les frontières,...
L’originalité de cette fiction vient de ce qu’elle est imaginée par François Durpaire, politologue grand connaisseur des USA qui avait notamment prédit l’accession de Barack Obama à la présidence.
Un album dont nous ne manquerons pas de vous reparler !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion