La vie moderne comporte bien des dangers. Jérôme Moucherot, grand fauve conquérant de l’impossible, mâle dominant au sommet de la pyramide de l’évolution (selon Léonard de Vinci lui-même !) a réussi à les braver pour en tirer parti. Parfaitement adapté à son milieu, il traque sans pitié les victimes de l’insécurité de la jungle urbaine.
Ce récit propose une étude scientifique de haut niveau sur ce remarquable spécimen à l’autorité naturelle incontestable, présenté par un animateur en casque colonial authentique, c’est dire si la production n’a pas lésiné sur le budget !
Dans un article précédent, nous avions présenté en détail la prépublication de la première partie de ce récit dans le magazine Fluide glacial. Est-ce le départ de Thierry Tinlot et les remous qui en ont suivi qui ont poussé François Boucq à changer d’éditeur ? Après tout, peu importe. Moins qu’une aventure au long cours comme dans les tomes précédents, ce grand retour de Moucherot est une succession de saynètes, parfois entrecoupée de très beaux dessins en pleine page. Boucq nous rappelle avec poésie et dérision que l’homme n’est qu’un animal qui s’ignore et qui tente de se domestiquer lui-même par une série d’artefacts au sein d’une jungle urbaine qui mélange convenances et instinct de survie.
En définitive, même si regrette parfois cet aspect séquencé qui coupe quelque peu le rythme du récit, on prend beaucoup de plaisir dans cet album de 88 pages, qui s’amuse à réfléchir comme disait l’autre, mais où Boucq surtout déploie son superbe graphisme.
Nous apprenons dans un entretien publié dans nos pages que le prochain tome est déjà en chantier. Cela nous réjouit, car il y a sans doute encore beaucoup à explorer avec ce héros hors du commun.
(par Charles-Louis Detournay)
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