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Les Chemins de Malefosse - T14 : Franc-Routier - Par Daniel Bardet et Brice Goepfert - Glénat

Par Yves Alion le 17 juillet 2006                      Lien  
« Les Chemins de Malefosse » ont été ouverts dans le magazine « Circus » en 1982, avant d'être déclinés en albums à partir de l'année suivante. 24 ans et 14 albums plus tard, la série n'a rien perdu de sa truculence, de sa gouaille, ni de sa force. La petite histoire de deux soudards allemands en cette fin de XVIème siècle croise une nouvelle fois la grande Histoire, qui baigne alors, en France, dans le sang. Celui des tenants de la Réforme, mais aussi celui des différentes factions catholiques à l'heure où la lutte pour le pouvoir est plus âpre que jamais.

Gunther, portant le deuil de sa chère Marion, et Prinz, son compagnon des bons et mauvais jours, chevauchent de concert quand traversant une clairière, ils sont amenés à porter assistance à un jeune homme vêtu de guenilles, le corps zébré par le fouet. Mais loin d’être un sauvageon, l’adolescent n’est autre qu’Aymeric, le fils du comte de Talcy. Ce dernier s’est lancé à la poursuite du fuyard, qui ne sait s’il faut ou non se résigner à rejoindre ce père sévère et brutal. Aymeric est rejoint, il semble faire allégeance à son père, mais c’est pour planter une dague dans le flanc du cheval de son bourreau. Celui-ci se cabre, le cavalier chute et se brise le cou. Les deux Allemands recueillent le jeune homme. Mais c’est pour s’apercevoir que leur protégé a pour dessein d’attenter à la vie du roi Henri de Navarre. Ce dernier, qui n’est pas encore sacré roi de France, est sur le point d’abjurer la religion réformée pour mieux asseoir son autorité sur l’ensemble du pays...

Rares sont les séries qui peuvent se targuer de tenir la distance sans jamais se répéter ni lasser le lecteur. En ce domaine, la force d’inertie (ou celle des habitudes) conduit souvent les auteurs à livrer quelques albums de trop... Ce n’est pas le cas de ces « Chemins de Malefosse » qui, loin de décliner, restent dans la force de l’âge.

François Dermaut a lâché ses pinceaux au bout de douze albums et c’est donc la seconde fois que Brice Goepfert relève le gant. À vrai dire, bien malin qui pourrait noter la différence ! Le dessin, classique, possède bien des atouts. Les cadres sont suffisamment diversifiés, les mouvements soulignés, les décors magnifiés pour que notre plaisir y trouve son compte. Ultime élégance : les scènes de nuit sont baignées dans un gris bleu de toute beauté.
Mais c’est bien la langue de Bardet qui fait la différence. Habitué des séries historiques, notre homme se fait une obligation de rendre ses personnages vivants, loin des images d’Épinal à jamais figées par l’Histoire officielle. Avec lui, ça boit, ça vibre, ça baise aussi, comme si les ténèbres de l’Histoire voulaient bien se laisser percer par les raies de lumière du quotidien. Un atout majeur réside dans un usage ludique et jouissif de la langue de ce temps reculé, ou du moins de celle qui peut se laisser entendre par une oreille du troisième millénaire, ce qui n’est sans doute pas tout à fait la même chose. Mais sacrebleu, quel régal !

(par Yves Alion)

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