Le Calife de Bagdad organise un grand concours. Mille et un conteurs devront raconter une histoire devant le souverain et la foule. Ils ont trois ans pour se parfaire, affiner leur technique et surtout inventer l’histoire la plus passionnante qu’il soit ! Le gagnant connaîtra la gloire et la richesse, et le perdant y laissera la vie ! Il sera exécuté car on ne gaspille pas importunément le temps du Calife.
Parmi ceux-ci, cinq conteurs décident de partir visiter le monde, sous l’impulsion d’Ahmed, le propre fils du Calife. Avant de partir, les cinq participants vont consulter une voyante. Elle leur parle des nombreuses aventures qu’ils vivront, ainsi que de leurs errances. Elle leur décrit surtout que l’un d’eux va être assassiné par l’un de ses amis conteurs. Elle cite même leur nom du tueur et de la victime. Les conteurs croient qu’il s’agit-là d’une farce de mauvais goût. En sortant de chez la voyante, ils voient la foudre frapper un oiseau. Stupeurs et tremblements ! Ils sont tétanisés : la voyante avait prédit cette scène…
Le récit s’ouvre sur une magnifique page en clair-obscur, mettant en scène un vieil homme, que l’on imagine être le narrateur de l’histoire. Celle-ci témoigne de la virtuosité graphique de Duchazeau. Dans le restant de l’album, plus coloré, le dessinateur adopte un style faussement spontané où les stries de lumière et les ombres donnent un effet de relief aux silhouettes des personnages dessinés avec la même technique.
Fabien Vehlmann parvient à nous étonner au fil des pages, même s’il nous dévoile d’entrée l’intrigue avec les prédictions de la voyante. A travers les aventures de ces conteurs, il égrène des récits aux tonalités totalement différentes. Un exercice de style qui est une réflexion sur son propre métier, en quelque sorte.
(par Nicolas Anspach)
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