Le boulot, les amis, les habitudes... Jean-Paul étouffe, caché derrière un détachement de façade. Pas étonnant qu’un jour, plutôt que de préparer un anniversaire barbant, il rejoigne une croisière pour célibataires. Il va trouver dans cette petite société, fourmillant de frustrations encombrantes, une nouvelle façon d’aborder sa vie. Mais pas forcément en rencontrant l’âme sœur...
Quelle bonne idée que la réédition dans un format réduit, du one-shot paru en 2006. Son propos demeure aussi émouvant, et son célibataire gauche et cafardeux aussi captivant.
Les grands personnages étirés de Pedrosa semblent constamment déborder de leur silhouette. Son héros, finalement pas plus déséquilibré que les autres, ne se voit même pas noyé dans la routine. Évitant les poncifs de la rencontre arrangée, l’auteur accompagne son grand dadais attachant avec une belle attention. Sa solitude apparaît dans des moments marquants, sans besoin d’en faire trois planches.
Le regard de Pedrosa est aussi subtil pour l’entourage de Jean-Paul : maman envahissante, amis maladroits, passagers hétéroclites de la croisière... On retient bien sûr un final magistral qui souffle un vent de liberté et refuse la conclusion facile. Car le chemin de Jean-Paul vers une forme d’émancipation et d’équilibre doit d’abord passer par un changement de cadre. Et pour commencer, par savoir dire "non".
(par David TAUGIS)
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