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Les Égarés de Déjima - Par M. Foletti & N. Wouters - Sarbacane

Par Lise LAMARCHE le 21 août 2018                      Lien  
Une excellente épopée au cœur du Japon de l'époque d'Edo, avec sa violence, ses figures fantastiques et sa beauté.

À Amsterdam en 1984, le jeune noble Thierry de Hasselt découvre le Japon par les livres, se prend de passion pour ce pays et aspire à s’y rendre afin de vivre selon la doctrine Zen. Or le Japon a fermé tous ses ports aux bateaux étrangers. Tous, sauf un, le port de Nagasaki et en son sein l’île artificielle de Déjima.

Très sage ou très fou, Thierry est prêt à tout pour quitter l’Europe à l’aube des révolutions et se rendre au Japon, quitte à embarquer clandestinement et à pénétrer par effraction sur le territoire. Il découvre un pays violent, impitoyable et éblouissant, loin de l’image harmonieuse et paisible qu’il s’en faisait. Accompagné par Kiba, un samouraï dément, il continue néanmoins sa quête d’une paix intérieure de plus en plus insaisissable.

Les Égarés de Déjima - Par M. Foletti & N. Wouters - Sarbacane

Cette histoire forme un mélange brillant entre un récit d’aventure au rythme enlevé et une réalité historique bien respectée. Kiba et Thierry sont deux parias dans un pays aux mœurs très codifiées, où le code d’honneur est essentiel mais n’empêche pas les comportements sanguinaires. Un humour décalé et parfois féroce vient désamorcer les scènes les plus insupportables.

Nicolas Wouters et Michele Foletti vivent tous deux à Bruxelles. S’il s’agit de la première publication de ce dernier, Nicolas Wouters s’est déjà fait remarquer pour Les Pieds dans le béton et Totem avec Mickaël Ross au dessin, ou encore Exarcheia, l’orange amère avec Dimitrios Mastoros. Malgré quelques longueurs, le talent de conteur de Nicolas Wouters se confirme, surtout dans sa capacité à créer des personnage atypiques et touchants.

Les dessins de Michele Foletti rappellent un peu ceux de Christophe Blain, en plus touffu et en intégrant des caractéristiques des estampes japonaises, Hokusaï et La Grande Vague de Kanagawa en tête. Le dessinateur s’est largement inspiré des emaki, rouleaux peints narratifs, pour représenter le Japon de l’époque d’Edo, les bâtiments et les scènes de combat en particulier.

La mise en page est brillante et opère une synthèse remarquable des styles occidentaux et orientaux. Le regard rebondit d’une case à l’autre pour suivre l’action principale, mais est parfois arrêté par une longue case verticale ou horizontale, sans rapport direct avec l’intrigue. Ces échos visuels des estampes et des emaki représentent de superbes scènes de nature qui prennent une distance bienvenue avec l’agitation des hommes.

Le choix des couleurs fait écho à celles utilisées dans les peintures traditionnelles japonaises, un choix judicieux mais qui rend la lecture parfois difficile, la distinction entre le premier plan et les décors en particulier.

Les dessins gagneraient par moment à plus de sobriété et à un équilibre entre les pleins et les vides propres à l’esprit zen, mais ils emportent cependant l’adhésion.

Un album très réussi, avec deux auteurs à suivre.

(par Lise LAMARCHE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782377310456

Les Égarés de Déjima - 21,5 x 29 cm - 144 pages - 22,50 €. Sortie le 22 août 2018.
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