Laon, 1999. Basile est un homme ordinaire, entre deux âges et esseulé, qui vit encore avec sa mère retraitée. Employé à l’état civil à la mairie, il partage son temps libre entre son atelier de peinture, ses tentatives (infructueuses) pour trouver une compagne via une agence matrimoniale et, surtout, la méditation sur ses origines.
Le père que Basile n’a jamais connu, en effet, serait un Américain dont il ne subsiste que le prénom, Henry, autrefois soldat à la grande base militaire U.S. toute proche, et démantelée depuis. Or le maire de Laon organise une grande soirée de vétérans, où sont invités tous les anciens de la base américaine. Henry sera-t-il du nombre ?
Malgré une introduction trop lente, Gabrielle Piquet mélange brillamment deux thématiques touchantes : les enfants sans père et l’impact laissé par les bases américaines en Europe. Ces copies conformes de villes US avec leurs produits importés et les emplois qu’elles généraient étaient en parfait décalage avec la France sortie à peine de la Seconde Guerre mondiale. Le clivage entre ces cultures était d’ailleurs aussi important que le vide laissé par leur départ des dizaines d’années plus tard.
La légèreté du trait et la poésie qui se dégage des dessins permettent d’aborder ces sujets forts avec beaucoup de sensibilité. C’est avec un aspect très humain et tout aussi didactique que l’on entre dans ce point-de-vue très particulier. La perception donnée par cet homme à la recherche du père qu’il n’a pas connu ne fait que renforcer la beauté de l’ensemble.
(par Charles-Louis Detournay)
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