Après une dernière aventure il y a quelques mois, alors que les lecteurs les auront vus remonter le temps au début du siècle dernier, et s’adjoindre au passage les services d’un nouveau compagnon d’infortune, notre groupe de héros en herbe dont la principale préoccupation reste la recherche d’un toit pour la nuit ainsi qu’une certaine forme de discrétion quant à l’usage de leurs dons, débarque dans la ville de leur naissance, Los Angeles.
Cadre idyllique, projets d’avenir naissants, tout semble profiter pour une fois à nos jeunes fugueurs, même si l’une des leurs, Karolina, voit des vieilles blessures se rouvrir lorsque des soldats aliens débarquent canons à la main l’accusant des méfaits de ses parents, en l’occurrence rien moins qu’un génocide ! Ainsi, sorcière, mutante, cyborg, extraterrestre, petit génie du bricolage, voyageur temporel et dinosaure, équipe des plus hétéroclites s’il en est, s’allient une nouvelle fois pour combattre la menace qu’ils fuient depuis toujours : leur propre héritage.
Ces dernières années sont profitables aux jeunes héros Marvel qui apportent souvent avec eux une certaine forme de fraîcheur, là où les séries principales de la Maison des Idées s’engluaient parfois dans un train-train quotidien et un statu quo à respecter et à ne surtout pas chambouler sans l’aval préalable d’une tête pensante. Des personnages neufs, affranchis de toute continuité, pouvant être modelés à loisir et sans contrainte.
Joss Whedon ayant pris soin de conclure ses histoires en cours de manière à laisser redémarrer sans entrave l’équipe suivante, Terry Moore s’accapare sans difficulté différentes personnalités contradictoires du groupe.
Notons notamment l’usage d’une pirouette scénaristique qui permet de faire éclater la confiance établie au cours de leurs mésaventures, Moore se servant de cet artifice pour isoler chacun des enfants avant de dégrossir leurs différents traits de caractérisation. Initiative intéressante qui aidera à immerger le nouveau lecteur dans ce nouveau cycle, faisant de ce premier album un point d’entrée idéal.
Quant aux fans toujours fidèles au titre, ils se réjouiront de la présence d’un nouveau personnage introduit par Whedon qui participe au dynamisme du groupe de manière amusante et rafraîchissante.
Au niveau des dessins, la série Les Fugitifs profite d’un choix intelligent : celui d’un vétéran éprouvé : Humberto Ramos, les différents protagonistes profitant de ses visages et de ses expressions exagérément expressifs. Des illustrations qui insufflent une énergie folle à l’action, surtout lorsqu’on y rajoute la colorisation très chatoyante de Christina Strain.
Avec sa dixième année d’existence et trois tentatives de lancement peu concluantes, il reste cependant regrettable de constater le manque d’intérêt du public pour ces développements pourtant plus originaux. Et ce, en dépit des bonnes critiques qui l’accompagnent et d’un investissement dans des auteurs pourtant reconnus.
Initiative appréciable, donc, de la part de Panini qui continue d’étoffer son catalogue avec deux albums des Fugitifs parus en 2013.
(par Marco ZANINI)
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