Dans l’histoire de l’humanité, jamais une telle proportion de la population n’avait vécu en ville. Cette proximité perpétuelle et les niveaux moyens de communication modifient-ils notre manière de séduire ? Oui et non, car cela reste avant tout une question de mise en relation.
Par le biais de toute une série de personnages, on passe en revue des situations caractéristiques : la rencontre via internet, le fitness, la drague au bluff, etc. Finalement, toute une série de masques derrière lesquels on se cache, ou que l’on désire enlever, car devenu trop lourd à porter.
Jean-Luc Cornette prouve à nouveau ce regard inquisiteur et amusé qu’il porte sur la société. En plus de dénicher des situations qui sont aussi réelles qu’inattendues, il joue sur différents tableaux, variant les rythmes pour ne pas lasser le lecteur.
Cette dynamique fonctionne fort bien, car chacune des saynètes apporte une vision nouvelle, tout en reprenant un personnage de la séquence précédente. La vision globale s’élargit donc au fur et à mesure sans qu’il faille introduire tous les nouveaux personnages. C’est sans doute cette formule de narration qui a tapé dans l’œil de la Commission d’aide à la bande dessinée, soutenant ce livre.
Le dessin de Maud Millecamps a sans doute pesé dans la balance. Il est très frais, tout en paraissant faussement minimaliste. Cela permet de percer plus rapidement à jour les sentiments des divers personnages. Malgré une certaine raideur et quelques approximations dans les premières pages, l’ensemble devient rapidement très homogène, le dessin se fondant dans l’humour et la liberté de ton du propos pour donner un album aussi riche que divers, et qui porte un regard intéressant sur le mensonge et les faux-semblants.
(par Charles-Louis Detournay)
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