Fréquent dans une carrière d’auteur : un coup de projecteur sur sa famille, ses racines, ses interrogations. Jaime Martin, après quelques tâtonnements, se décide à raconter le service militaire de son père, à la fin des années 1950, à une période particulièrement tendue pour l’Espagne franquiste. En effet, l’armée du Maroc tout juste indépendant s’oppose au maintien de Franco au Sahara et dans la ville d’Ifni, située plus au Nord. La plupart des appelés découvre les affres de la conscription, de l’ordre militaire, de l’injustice des nantis, petits chefs et grands privilégiés. Et Martin alterne séquences actuelles de scènes familiales avec le récit de son père, précis et imagé.
Des témoignages de l’Espagne d’avant Juan Carlos (1975) demeurent précieux, même quand on a lu l’importante production de Gimenez, bien connu des lecteurs de Fluide Glacial. D’une autre génération, Jaime Martin apporte un point de vue plus distancié, une curiosité plus ouverte. Son épais volume s’enrichit également de photos distillées dans les parties mémorielles. Une sorte d’album de famille qui s’exposerait aux lecteurs du monde entier. Particulièrement réussis, les camarades militaires de son père composent une galerie mémorable.
Sur le fond, on peut tout de même se demander si les nombreuses apparitions de l’auteur intercalées dans ce journal de conscription apportent vraiment un plus aux Guerres silencieuses. Le signe, sans nul doute, de son attachement profond à ce projet.
(par David TAUGIS)
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