Acclamé pour son dernier livre, Le Rêve de Meteor Slim, Frantz Duchazeau a choisi d’en prendre le contre-pied presque complet pour réaliser Les Jumeaux de Conoco Station. Un album à nouveau ancré dans la musique populaire américaine, mais traité sur le ton de la farce.
Deux frères, dont la dégaine n’a pas grand chose à envier aux cousins Dalton, s’évadent de prison avec la ferme envie de, primo, se venger de la personne qui les a envoyés au violon, et secundo reprendre leurs instruments pour reformer leur groupe de country music. Le Grand Ole Opry sera leur tremplin. Ce grand concours de musique de bal sera sans doute leur meilleur atout pour un retour en fanfare. Ces grands dadais, inconditionnels de Hank Williams, ont simplement oublié de compter avec l’arrivée du Rock’n’roll…et leur rapport amour/haine avec le shérif de Conoco Station.
Sans doute parce que son ton oscille ici entre pantalonnade pure et amoralité latente, Duchazeau a du mal à retrouver la cohérence et la puissance évocatrice de Meteor Slim. Les personnages sont ambigus, et l’on a de la peine à s’attacher à leur destin. Cependant, le choix d’un format d’album panoramique met en évidence la qualité de son trait qui restitue remarquablement des cartes postales de l’American Way of Life et qui, exercice délicat s’il en est, parvient à donner une couleur musicale à ses dessins.
Si cet album n’est qu’une « suite » à Meteor Slim, on est en droit d’être déçu, mais si l’auteur continue cette série de bandes dessinées sur la musique américaine, on pourrait bien revoir notre jugement à la lueur de cette anthologie très personnelle.
(par Morgan Di Salvia)
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